Le bio reprend des couleurs

Si la filière bio peut recommencer à souffler, certains freins existent encore. Jusqu’à fin novembre, le Mois de la Bio permet de découvrir des exploitations et des pratiques différentes.

Charlotte Cresson

Le7.info

Le Mois de la Bio revient pour une 14e édition. Destiné aux professionnels de l’agriculture, ce rendez-vous vise à faire découvrir la culture bio et encourager l’installation grâce à des visites de fermes, formations, conférences... Organisé jusqu’à la fin du mois dans toute la région, l’événement intervient dans un contexte plus favorable. « Pendant trois ans, le marché a été compliqué à cause d’une baisse de la consommation et une perte de nombreux hectares. Certains ont décidé de revenir en agriculture conventionnelle, d’autres d’arrêter totalement l'agriculture ou sont partis à la retraite. Mais cette année va contrebalancer ce mouvement. On sent qu’il y a un regain, cela repart positivement », se réjouit Claire Vanhée, conseillère projet bio pour AgroBio86. Les chiffres sont encourageants. « Dans la Vienne, 543 fermes sont engagées en bio soit 13% des exploitations. Et nous ne sommes pas à la traîne : 39 347ha sont consacrés au bio, c’est plus qu’une bonne partie des départements de la région. »
 


En demi-teinte

Si Claire Vanhée note le positif, elle reste néanmoins 
« prudente ». Les disparitions et diminutions d’aides créent notamment un sentiment d’injustice. Seulement 1% de la Politique agricole commune est consacré à la bio. Les aides à la conversion diminuent, l’aide annuelle au maintien bio a, quant à elle, été arrêtée. De plus, « la loi Egalim n’est pas appliquée et il n’y a pas de sanction. A l’échelle régionale, seules 6% des cantines sont fournies en produits locaux bio contre les 20% prévues. C’est dû à une méconnaissance et des a priori sur les prix. Mais ici, les cantines de Poitiers et de Montamisé font de beaux efforts. On veut montrer que c’est possible. C’est un travail de longue haleine. »

« Travailler en accord avec nos valeurs »

Après une baisse importante l’an dernier, le nombre de conversions et d’installations en bio remonte. A Chasseneuil-du-Poitou, Sophie Nicolas et Stéphane Thibault font partie de ceux qui ont décidé de se reconvertir. L’ancienne assistante dentaire et l’ex-jardinier ont ainsi créé Les Jardins du Marais il y a cinq ans pour « travailler en accord avec [leurs] valeurs et en symbiose avec la nature ». Depuis, ils vendent leurs fruits et légumes de saison directement sur place. Mais la labellisation bio est surtout un bonus. « Nous avons choisi d’avoir l’agrément car nous travaillons avec l’école de Chasseneuil », confie Sophie. Comme beaucoup de professionnels de la filière, elle déplore la baisse des aides. « A quoi bon être labellisé si derrière on n’est pas soutenus ? Ce n’est pas de l’argent qu’on perd mais c’est de l’argent qu’on attend. » Mais label ou pas, les convictions restent solides. « Quoiqu’il arrive nous aurions fait une agriculture naturelle. » Sophie et Stéphane ouvriront leurs portes le 24 novembre dans le cadre du Mois de la Bio. 

DR BIO Nouvelle-Aquitaine

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