Les femmes au cœur des maladies cardiovasculaires

Près de deux cents femmes meurent chaque jour d’une maladie cardiovasculaire en France. Un enjeu de santé publique largement sous-estimé. Des professionnels ont battu le rappel la semaine dernière autour d’une opération de prévention de grande envergure.

Arnault Varanne

Le7.info

2, 33, 200. Une série de chiffres un peu absconse de prime abord. « Ce sont pourtant des indicateurs à retenir, souffle Thierry Drilhon. Deux femmes meurent chaque jour dans un accident de la route, 33 d’un cancer du sein et 200 d’une maladie cardiovasculaire. » Alors pour conjurer le sort et prévenir, encore et encore, l’ancien dirigeant d’entreprise a cofondé en 2019 le Fonds de dotation Agir pour le cœur des femmes, aux côtés de la Professeure Claire Mounier-Vehier. Une structure qui a lancé deux ans plus tard l’opération Le bus du cœur des femmes, qui sillonne chaque année une quinzaine de villes françaises pour sensibiliser au dépistage. 


Comme près de 300 femmes, Alexandra a suivi le parcours en douze étapes proposé la semaine dernière, du bilan métabolique à l’échographie des artères, en passant un entretien cardiologique et gynécologique, un électrocardiogramme... « Je viens d’avoir 50 ans, je fais un travail un peu stressant et ma cheffe d’équipe m’a incitée à m’inscrire, même si je n’ai jamais eu d’alerte », témoigne la salariée de La Poste, au service colis. Alexandra est repartie de la place de France, à Poitiers, avec un bilan complet de son état de santé, sensibilisée 
au fait de « manger plus équilibré ». « Je n’avais jamais fait d’électrocardiogramme », abonde-t-elle. 


Un suivi pour 30% 
des femmes

Le Dr Lequeux a beaucoup insisté auprès de l’éco-système poitevin (collectivités, professionnels de santé...) pour faire venir le Bus du cœur des femmes. Et pour cause, le cardiologue du CHU de Poitiers sait qu’« environ 25 à 30% des 300 femmes nécessiteront une consultation de suivi derrière ». Autrement dit, que ces Poitevines présentent au moins deux facteurs de risque. Et comme les maladies cardiovasculaires ne préviennent pas. « Vous pouvez avoir une 
hypertension artérielle de faible grade. Pareil pour le cholestérol, si vous ne faites pas de prise de sang, vous ne saurez pas... A un stade précoce de diabète, c’est aussi silencieux... », 
abonde le Dr Lequeux. 


A Lille, l’une des bénéficiaires de l’opération « a fini avec un pacemaker l’après-midi de sa visite » 
en raison d’un électrocardiogramme anormal. Preuve que la prévention -la fameuse campagne Bien manger, bien bouger- et la détection précoce produisent leurs effets. En trois ans, Agir pour le cœur des femmes estime avoir 
« sauvé 20 000 femmes ». « La prévention n’est plus une option », conclut Thierry Drilhon. Message transmis aux pouvoirs publics.

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