Des noms, des vies

Sandrine et Olivier Pourrageau ont fait de la généalogie bien plus qu’un passe-temps. Depuis trente ans, ce couple de Poitevins remonte le temps pour faire revivre les histoires de leurs ancêtres.

Pierre Bujeau

Le7.info

Oubliez tout ce que vous savez de la généalogie. Ces retraités penchés sur des registres paroissiaux à la lueur d’un chandelier, une loupe dans une main, un crayon dans l’autre... Les clichés ont la vie dure. Mais ne comptez pas sur Sandrine et Olivier Pourrageau pour les entretenir. Ces deux passionnés sont tombés dedans à seulement 23 et 24 ans. À l’époque, le jeune couple réfléchit aux prénoms de ses futurs enfants. Pour s’inspirer, les deux Poitevins se plongent dans les archives familiales, en quête du prénom parfait. Au bout du compte, ils ne trouvent pas le prénom rêvé, mais bien une passion… qui ne les quittera plus. « J’ai commencé mes recherches avec mon nom de jeune fille, Garcia. Mais autant dire qu’une Garcia à Madrid, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! », sourit Sandrine, 56 ans. Face aux difficultés rencontrées en Espagne, elle décide d’explorer la branche maternelle de sa famille, les Caillon, originaires de Pamproux, dans les Deux-Sèvres. Très vite, Olivier se prend au jeu. « A l’époque, rien n’était numérisé. Il fallait feuilleter les registres dans les mairies, parfois même arpenter les cimetières pour retrouver des traces », se souvient-il.


Une cousinade 
grandeur nature

Les années ont passé, les branches de l’arbre se sont allongées… jusqu’à donner naissance à un projet un peu fou : réunir tous les descendants des ancêtres de la généalogiste amateure. « Pendant deux ans, j’ai préparé une grande cousinade rassemblant les descendants de mes arrière-arrière-grands-parents, nés en 1840 », raconte la gestionnaire conseil à la Sécurité sociale. Organisée à la salle des fêtes de Chauray, la rencontre a rassemblé l’année dernière une soixantaine de personnes venues de toute la France. Chaque pièce rendait hommage à un pan de l’histoire familiale : l’agriculture, les arts, le domaine militaire… « Certains cousins ne s’étaient jamais rencontrés. C’était un moment chargé d’émotion », se souvient-elle.


Une histoire de famille

Au-delà de la recherche de noms ou de dates, Sandrine et Olivier voient dans la généalogie un moyen de faire revivre les destins d’autrefois. « On touche du doigt la réalité de vies ordinaires, leurs joies, leurs drames, leurs choix », résume Sandrine. Parfois, la découverte réserve aussi des surprises… pas toujours glorieuses. « J’ai retrouvé un ancêtre envoyé au bagne en 1876 pour infanticide », confie l’agent de maîtrise de 56 ans dans un éclat de rire. « On ne choisit pas ses ancêtres ! » Sandrine, elle, est parvenue à remonter jusqu’en 1576. Ce qu’elle préfère ? Les petits détails qui redonnent chair au passé. « J’adore lire les contrats de mariage. » On y découvre les dots, les objets, les modestes richesses d’une époque. En 1692, un certain Pierre Delineau offrait ainsi à sa future épouse sa vieille maison, un jardin, trois linceuls, deux nappes, une chopine et deux écuelles. « Rien qu’avec ça, on imagine leur quotidien. »

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