Voyage sonore dans le noir

A l’occasion de la sortie de son troisième album, le musicien Jeff Marschalle propose un concept étonnant pour réapprendre à écouter la musique. Des rendez-vous sont prévus dans les salles obscures de la Vienne histoire de profiter pleinement de l’expérience.

Charlotte Cresson

Le7.info

Prenez-vous réellement le temps d’écouter de la musique ? De vous poser pour ne faire que cela ? Jeff Marschalle a sa petite idée sur la question. 
« Aujourd’hui, la musique accompagne les vidéos, la publicité… Elle est partout mais on ne l’écoute plus vraiment. C’est devenu une espèce de bruit de fond. » Un constat qui a donné une idée au musicien de Vouneuil-sous-Biard : créer une œuvre hybride entre musique et cinéma pour « revenir à l’essentiel et ne rien faire d’autre qu’écouter ». Ainsi est né son troisième album, Blind Movie. Au programme, 
74 minutes d’une bande-originale de film mêlant créations instrumentales, bruitages et voix. « Le mode d’écoute principal est celui des plateformes. Les gens n’écoutent plus d’albums entiers, c’est une IA qui crée des playlists. Sauf qu’à l’origine, les musiciens imaginent un album selon un ordre bien précis pour créer une ambiance », explique l’artiste. Ainsi, comme il le fait pour le cinéma, Jeff Marschalle propose « un grand morceau avec toutes les émotions que demanderait un réalisateur ». 
Tristesse, mélancolie, joie, colère… « La musique génère des images, des émotions. Je n’offre que la trame émotionnelle et c’est au spectateur de créer, d’imaginer… » 


Une expérience cathartique

Le spectateur… Car Jeff Marschalle va plus loin. Pour profiter pleinement de « l’expérience 
Blind Movie », il invite à se plonger dans une atmosphère propice, un peu différente d’une salle de concert. « Les gens sont assis dans une salle de cinéma, dans la pénombre… sans images. » Et soudain, la magie opère. Quinze personnes de 
20 à 78 ans ont déjà pu tester le concept. « Cela a été au-delà de nos espérances. Ils ont tous vécu un film. Les gens ont habillé la musique avec ce qu’ils avaient en eux. » Si 
74 minutes d’affilées peuvent intimider dans ce monde où tout va vite, l’artiste fait les choses bien. « Les vingt premières minutes, ce sont beaucoup de bruitages, des bruits de vélo, de pas dans la neige, de bouteilles de soda pour rentrer dedans. Et à la fin, ce n’est que de la musique. L’album est extrêmement varié avec six ou sept esthétiques musicales découpées en petites sections. » 
Résultat, aucune lassitude et des spectateurs qui retrouvent « le goût de faire une chose à la fois ». Deux rendez-vous sont déjà prévus dans la Vienne : jeudi à 18h30 au 
théâtre Charles-Trenet de Chauvigny et samedi, à 17h30, au Futuroscope, en partenariat avec l’attraction Les Yeux Grands Fermés. L’album, lui, sera disponible sur les plateformes en décembre. Un conseil pour en profiter ? « Se mettre dans une pièce non éclairée avec un casque ou de bonnes enceintes. L’idée est de s’isoler, de s’abandonner à la musique. »

DR

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