Verdun sans retour

Bernard Pernès. 78 ans. Passionné d’histoire et d’écriture. Ses recherches sur la Grande Guerre et la bataille de Verdun se figent dans 300 pages de correspondances émouvantes et authentiques.

Nicolas Boursier

Le7.info

 “Ce livre a été écrit pour que ne sombrent pas dans l’oubli tant de poilus tombés pour que vive la France.” Bernard Pernès cisèle sa dédicace d’une main guidée par l’émotion. Au frontispice de son oeuvre, les mots dont il nous fait l’honneur claquent comme un appel au combat. Contre le repli de la mémoire. Contre le refus de la révélation.
Les soixante dix-huit ans de ce Poitevin d’adoption brûlent du feu de la passion, attisé pendant des années par un voyage récurrent au chevet de l’Histoire.

Les trois cents pages de “Verdun sans retour” sont son legs à la postérité. “A tous les vivants et aux générations qui ne sont pas encore nées.” Ses inlassables recherches sur la Grande Guerre s’y consument en une centaine de let tres, notes, extraits de carnets, livres, poèmes de poilus qui, “par leur sacrifice, ont grandi l’Histoire de France”. Ces témoignages-là, Bernard a mis plus de dix ans à les recueillir, un à les coucher sur le papier. “J’ai lu au moins 200 bouquins et 40 000 pages sur Verdun”, sourit-il.


“Je meurs heureux”

Tant de choses ont été écrites sur les 250 000 morts de la plus longue, de la plus dure et de la plus sanglante des batailles qu’il a dû apporter une nouvelle eau au moulin de ses exigences. “Certaines lettres sont inédites, de vraies reliques. J’ai aussi retrouvé des missives de soldats allemands disparus à Verdun. Eux aussi partageaient la misère des tranchées.” Les rapports d’étatsmajors et récits de survivants, d‘officiers ou de soldats sont la trame de toutes les guerres. Bernard, lui, “donne la parole aux morts”. Comme au lieutenant Luquiaud, enfant de Sommières-du-Clain et du 68e Régiment d’Infanterie, qui brûla ses derniers feux dans ces aveux traumatisants : “Merci à tous ceux qui ont combattu avec moi (…) Vous direz à mes parents que j’ai toujours fait mon devoir (…) Je meurs heureux.

Lorsque son heure viendra, Bernard Pernès mourra tout aussi heureux. Fier d’avoir reconquis le coeur des oublieux. Et d’avoir donné à sa retraite poitevine, loin de sa Chine natale et de sa Paris professionnelle –il travailla dans les assurances puis l’industrie- les accents de la redécouverte. “Toute ma vie, j’ai cherché à m’informer, éclairet-il. Sur Verdun, Douaumont, Vaux, le Chemin des Dames, premiers mots incompris de ma jeunesse.” Aujourd’hui, il a tout compris. “Ce bouquin, écrit-il en quatrième de couverture, c’est mon devoir de mémoire, en hommage à tous ceux qui ne sont pas revenus pour jouir de la gloire des vainqueurs.” Depuis la dédicace dont il nous a fait l’honneur, trois cents pages ont rendu les armes. Un livre se referme. L’Histoire, elle, est toujours en appel.

 

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