Le projet régional de « chèque contraception» dans les lycées devait arriver à maturité à la rentrée. C’était compter sans quelques entraves juridiques.

Nicolas Boursier

Le7.info

L’idée est née d’un constat : en Poitou-Charentes, le nombre de grossesses précoces, autrement dit touchant des jeunes femmes de moins de 18 ans, est supérieur à la moyenne nationale. Les chiffres tombent. Pour la seule année 2007, 455 cas ont été recensés, dont la moitié ayant débouché sur une interruption volontaire.
Il n’en fallait pas plus pour susciter l’intérêt de la Région et pousser sa présidente à lutter contre un manque manifeste de prévention et d’information auprès des ados.
«L’âge moyen du premier rapport sexuel chez la jeune fille est fixé à 17 ans», explique la conseillère régionale Martine Daban, l’une des principales initiatrices du projet. C’est donc au lycée, lieu de vie, de rencontre et de dialogue, que Ségolène Royal et ses collaborateurs ont choisi de faire porter leur action.

Pour lycéennes volontaires

En imaginant le «chèque contraception», ils espéraient éveiller les consciences adolescentes, en invitant toutes les lycéennes «consentantes» à venir discuter avec leurs infirmières scolaires et en confiant à celles-ci la charge d’informer et diriger les brebis égarées. Dans le chèque remis aux jeunes filles, que des avantages pris en charge par la Région : une consultation gynécologique, un bilan biologique et deux ordonnances de contraceptifs renouvelables sur six mois. «Le projet, ainsi présenté, avait reçu le consentement des médecins, des pharmaciens, des parents d’élèves FCPE et des infirmières scolaires, rappelle Martine Daban, et il était fin prêt pour une mise en place à la rentrée de septembre. Et là, patatras !...»

Qui pour distribuer ?

Patatras, en effet. Au crépuscule d’une correspondance nourrie entre Ségolène Royal et Béatrice Cormier, rectrice d’académie, le verdict tombait : pour des raisons juridiques, le chèque contraception ne verrait pas le jour. «Même si l’idée de base était selon moi très bonne, explique la rectrice elle-même, elle se heurtait à trois écueils que le ministère de l’Education nationale s’est chargé de mettre en lumière : l’écueil de l’autonomie des établissements impliqués, celui de l’éducation parentale, que le projet outrepassait, et celui, enfin, de l’incapacité, pour une infirmière scolaire, de gérer des fonds publics. »
Le projet régional était donc stoppé en plein vol. Mais pas l’ambition générale de mieux accompagner nos enfants. «Le dialogue avec Mme Royal n’a jamais été rompu et il reste ouvert, insiste en écho Béatrice Cormier. Je le redis, le chèque contraception est une bonne idée, mais c’est sa distribution qu’il faut repenser. Si de nouvelles idées germent, nous y apporterons toute l’attention nécessaire.» A bons entendeurs…
 

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