L'union sacrée derrière l'aéroport

Avec un trafic de 123 000 passagers en 2015, l’aéroport de Poitiers-Biard a retrouvé des couleurs. Mais la concurrence de Limoges, Tours ou La Rochelle l’oblige à viser encore plus haut dans les années à venir, sous peine de disparaître sur l’autel des économies budgétaires.

Arnault Varanne

Le7.info

Un grand oral, ça se prépare. En débarquant à Biarritz, fin mai, Bruno Belin avait mis tous les atouts de son côté pour convaincre ses interlocuteurs de l’utilité de l’aéroport de Poitiers-Biard. Comme un symbole, le président du Syndicat mixte (Ville de Poitiers, Département, CCIV) était accompagné d’un représentant de Grand Poitiers et de la Chambre de commerce. But du jeu : fournir suffisamment d’arguments aux « pontes » du Conseil supérieur de l’aviation civile (DGAC) et de la Région, en vue du rapport final sur le maillage aéroportuaire français, qu’ils devront rendre à l’automne prochain.

« A la fin de l’entretien, je leur ai diffusé un film, dans lequel des élus de tous bords et des chefs d’entreprise témoignent de leur soutien à l’aéroport. Dans la réflexion, il ne faut pas voir que le nombre de passagers », insiste Bruno Belin. Au regard de cette simple statistique (123 000 en 2015), Poitiers-Biard est devancé dans la grande région par Bordeaux (5,3 millions), Biarritz (1,03 million), Pau (634 000), Limoges (292 000), Bergerac (281 000) et La Rochelle (216 000). Sans compter la proximité de Tours (187 000). « Avec 35 000 passagers et 80% de taux de remplissage, la ligne La Rochelle-Poitiers-Lyon est un vrai outil économique. Le fait que 58 000 Britanniques viennent chaque année dans le département et y consomment doit aussi être pris en compte. J’ajoute que le CHU de Poitiers est l’un des centres de référence pour la transplantation d’organes. En ce sens, l’aéroport est aussi essentiel. »

Une promesse à 170 000 passagers

Député-maire de Poitiers, Alain Claeys tient un discours similaire, même s’il reconnaît qu’il y a sans doute « trop d’aéroports en France ». « Nous sommes aujourd’hui dans une économie de flux et un aéroport est un élément d’attractivité pour Grand Poitiers et la Vienne », esquisse-t-il. Maintenant, une question se pose : jusqu’à quel niveau d’investissement les trois partenaires sont-ils prêts à soutenir son développement ? Aujourd’hui, ils mettent chacun 700 000€ par an dans le syndicat mixte, sachant que la Région a promis un soutien à hauteur de 250 000€ sur deux ans. Attirer de nouvelles compagnies coûte cher. Et l’arrêt de la liaison avec Shannon (12 000 passagers), qui intervient deux ans après la fin de la desserte espagnole (Gerone, 20 000 personnes), affaiblit de fait Poitiers-Biard.

En lien avec Vinci Airports, concessionnaire de l’infrastructure jusqu’en 2019, le SMAPB lorgne davantage de destinations... à l’horizon 2017(*). Rappelons que Vinci Airports, aux commandes depuis le 1er janvier 2013, s’est engagé sur un trafic annuel de 170 000 passagers. Au-delà, Bruno Belin développe un autre argument : l’opérationnalité de la plateforme poitevine. « Nous disposons d’une longue piste, de dix-neuf agents formés et d’équipements très récents. Le budget de Tours dépend du ministère de la Défense, tandis que La Rochelle doit réaliser des travaux et a même pour projet de déménager à Rochefort », embraie le patron du Département. Une façon de peser à dessein sur le futur rapport du Conseil supérieur de l’aviation civile.

(*)Poitiers-Biard dessert cette année Londres-Standsted, Edimbourg, Lyon, Ajaccio et Dubrovnik.

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