Police : la scientifique <br>en renfort

A Poitiers, la police nationale a investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans un laboratoire de police technique et scientifique ultra-moderne. Nous l’avons découvert de l’intérieur.

Arnault Varanne

Le7.info

Ils étaient auparavant installés dans les étages du commissariat. Autour de Marc Verrier, les six membres du laboratoire de police technique et scientifique (PTS) de Poitiers jouissent désormais d’un « QG » plus conforme à leurs nouvelles ambitions. A mille lieues des très cathodiques « Experts », ces agents un peu spéciaux agissent dans l’ombre de leurs collègues de terrain, pour les aider à résoudre un maximum d’affaires. « Nous effectuons des prélèvements ADN quasiment tous les jours, éclaire le responsable du labo, lui-même technicien. Rien qu’en 2016, nous en avons recueilli six cents, qui ont immédiatement été versées au fichier national des empreintes génétiques qui compte… trois millions d’individus. Parmi ces six cents traces relevées, quatre-vingt-quinze traces ADN ont abouti à une identification. C’est un bon ratio. » 480 000 criminels et délinquants ont ainsi été confondus et condamnés en France, en 2015. 

Sur le front des traces papillaires et digitales, là aussi, l’appui de la « scientifique » s’avère décisif. Tous les cas de vols avec effraction engendrent un déplacement d’un agent de la « PTS ». Vêtements, timbres, papiers, tickets de caisse, scotch… Les nombreux scellés qui arrivent ici font l’objet d’un traitement aussi minutieux que réglementé. D’autant que le labo poitevin, dans lequel la Sous-direction de la police scientifique a investi plusieurs centaines de milliers d’euros, est en cours de certification par le Cofrac (Comité français d’accréditation). « Nous serons l’un des tout premiers labos français à l’obtenir en Sécurité publique, avec Avignon et Mulhouse », se réjouit Marc Verrier. 

Minutie et rigueur

Concrètement, seuls trois des sept membres de l’équipe de police technique et scientifique sont habilités à intervenir dans l’une des trois salles du laboratoire. La première pièce, équipée d’une paillasse et d’une « baignoire », sert à traiter les scellés découverts. « Comme les vêtements ensanglantés d’une victime, une couette, des morceaux de tissus… » Sachant qu’une humidité ou une chaleur excessives peuvent contribuer à « détruire le peu d’ADN disponible », la minutie est de rigueur à chacune des étapes. L’objectif étant d’exploiter la « moindre trace de sperme, de sang ou de salive ».   

Le deuxième espace sert précisément à exhumer les empreintes de n’importe quel scellé. Une armoire de fumigation permet notamment de rechercher des traces par procédé dit de cyanoacrylate. « Cette technique fonctionne sur les supports lisses et non poreux, comme du métal ou des pains de résine de cannabis », détaille Marc Verrier. Le deuxième procédé à base de ninhydrine, est usité sur des supports poreux. Les cartons, papiers sont trempés ou tamponnés et révèlent leurs secrets dans un délai maximal de soixante-douze heures. Autant de techniques qui font l’objet d’une traçabilité totale. De son entrée au labo jusqu’à sa restitution à la justice, en passant par son analyse, chaque scellé est enregistré dans une base de données sécurisée. 

À lire aussi ...