Non-mixité : la réalité de terrain

Inclusifs pour les uns, discriminatoires pour les autres... Les temps de non-mixité dans l’espace public, a fortiori les équipements sportifs, divisent à Poitiers. Pourtant, des associations proposent déjà des créneaux réservés aux femmes... avec le soutien des collectivités.

Steve Henot

Le7.info

A Poitiers, la question des temps de non-mixité dans l’espace public fait débat. Surtout depuis qu’Alexandra Duval, conseillère municipale déléguée à l’Action sociale et à l’Egalité des droits à Poitiers et vice-présidente à la Vie sociale et à la Politique de la Ville à Grand Poitiers, a émis l’idée de créneaux réservés aux femmes dans les infrastructures sportives. Sans écarter la proposition, la maire Léonore Moncond’huy a précisé vouloir l’envisager dans la concertation. Ce qui n’a pas suffi à calmer l’opposition, vent debout contre cette notion qu’elle juge tout sauf inclusive.


Il faut reconnaître au terme « non-mixité » d’être, sur le papier, assez peu engageant. Le Black Star Ultimate préfère, lui, parler de « mixité choisie ». Créé il y a un an, le club propose des initiations dédiées aux femmes le premier mardi du mois, en marge de ses sessions mixtes. Avec l’accord de la mairie qui lui donne un accès gracieux au gymnase. « Nous tendons vers la mixité dans la pratique de l’ultimate et nous constatons, comme dans d’autres sports, les barrières à l’égalité entre les genres sur un terrain. » Et en dehors.


« La finalité doit 
être la mixité »

Dans la Vienne, 19,3 % des femmes seulement disposent d’une licence fédérale. Les raisons sont multiples : contraintes professionnelles et personnelles, coût, manque de confiance… Victor Sironneau en a fait le constat aux Couronneries, dans le cadre de son projet d’études. C’est ce qui a amené l’association multisports Acsep à mettre en place des activités 100 % féminines le mardi matin, au gymnase Charles-Perrault. Dans un cadre bienveillant et rassurant, « pour permettre à des femmes éloignées de la pratique de faire du sport entre elles, sans avoir à faire face au regard des autres ni à la compétition », explique l’éducateur sportif.


L’Acsep bénéficie du soutien de l’Agence nationale du sport et de la Région, dans le cadre du plan régional pour le sport féminin. Elle est reconnue comme œuvrant pour la mixité… avec des créneaux dits « non-mixtes ». « La non-mixité, c’est exclure », estime d’abord Nathalie Lanzi. La vice-présidente de la Région en charge de la Jeunesse, de la Culture, du Patrimoine et du Sport reconnaît toutefois que, dans le cas de l’Acsep, « elle est une réponse sociale à un instant T, un levier. Mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut généraliser. La finalité doit être la mixité, une fois que les femmes ont repris confiance ». Soit le but poursuivi par l’Acsep, qui anime aussi des séances multisports mixtes. « Il y a aussi entre les femmes une vraie mixité d’âge, d’origine et de religion », précise Victor Sironneau.


L’association est invitée le 3 décembre prochain par le Comité régional olympique et sportif (Cros) à témoigner de son action devant les ligues et comités de Nouvelle-Aquitaine. Et servir d’exemple. « Ça aide à casser les préjugés, à montrer que le sport n’est pas réservé qu’aux garçons », soutient Amandine Leclerq, chargée de mission sport et femmes au Cros. Et Victor Sironneau d’ajouter : « Sans ces créneaux, des femmes n’auraient pas osé venir. On fait du sport, mais la finalité est de créer du lien social et d’effacer les inégalités hommes-femmes. »

 

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DR Facebook/Ligue Flying Disc Nouvelle-Aquitaine

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