Confinement : chacun cherche ses repères

Depuis vendredi, la Vienne se trouve de nouveau confinée, même si les établissements scolaires et entreprises sont ouvertes. Encore une fois, chacun s’efforce de s’adapter, sans trop penser à l’après.

Romain Mudrak

Le7.info

« Bisous masqués ! » En ce lundi de rentrée, un papa accompagne sa fille de 6 ans à l’école. Désormais elle doit porter un masque pour éviter la propagation de la Covid-19. « C’est embêtant, quand je saute, il ne tient pas sur mon nez. » Un petit mot de réconfort et c’est parti pour une première journée en classe. 
« Il n’y a pas à discuter, c’est la règle », souligne une maman. 
« Le problème pour mon fils, c’est la buée sur ses lunettes »,
confie une autre. Le syndicat Snuipp-FSU avait demandé au rectorat de « banaliser » cette journée afin de « réfléchir et préparer le nouveau fonctionnement de l’école en lien avec la crise sanitaire et vigipirate renforcé ». Bon an, mal an, dans cette école primaire du quartier de Saint-Eloi, à Poitiers, la rentrée se déroule comme d’habitude. Ou presque. Un référent de la maison de quartier est présent à l’extérieur pour mettre de l’huile dans les rouages. Un seul élève a oublié la nouvelle consigne. Heureusement un stock de petits masques pour enfant est disponible à l’accueil.

« Gardons le contact »

Cette scène de la nouvelle vie quotidienne contraste avec la situation du centre-ville depuis vendredi. Le bouillonnement habituel de la place Leclerc s’est évanoui. Les bars et restaurants fermés, elle n’est plus animée que par la poursuite du chantier de l’ancien théâtre et les allers et venues des coursiers à vélo, qui ont pris l’habitude de s’y rejoindre. Dans les rues, une bonne partie des boutiques affichent portes closes. Magasins de prêt-à-porter, de jouets, librairies… Sur les devantures, pas de messages virulents à l’endroit de la grande distribution ou des grandes enseignes ni envers le gouvernement, qui ont pourtant cristallisé les critiques des commerçants tout le week-end. Les pancartes invitent plutôt à vite se retrouver, dans l’idéal dès le mois de décembre. D’autres ont décidé de ne pas attendre. 
« Gardons le contact », peut-on lire sur les vitrines de certaines boutiques qui, fortes de l’expérience d’un premier confinement, ont mis en place le click’n collect. Des commandes ont ainsi pu être honorées dès samedi, à la porte d’une chocolaterie ou d’un caviste. Il faut aussi le temps que la clientèle s’empare de cette offre encore novatrice, déclinée sur diverses plateformes (site internet, réseaux sociaux...).

Autre ambiance, plus loin, au pied de l’église Notre-Dame. Le marché est bondé, comme d’habitude. Le port du masque est respecté par tous, sans exception. Pour la distanciation, c’est déjà plus difficile dans certaines allées étroites. A l’entrée des halles, qui ne peuvent accueillir plus de cent personnes en même temps, il faut se montrer un peu patient. Le confinement est de toutes les conversations. « Encore heureux qu’on puisse aller faire nos courses ! », tonne un Poitevin. Pourtant, aucun commerçant n’a oublié qu’en avril les marchés avaient été contraints à la fermeture, devant l’aggravation de l’épidémie.
 « On est encore là, mais jusqu’à quand ? » Les clients, eux aussi, restent suspendus à l’évolution de la situation sanitaire dans le pays. L’expérience du précédent confinement inspire plus que jamais mesure et prudence.
 « On profite du peu de liberté qu’il nous reste, au jour le jour, confie un passant. Le reste, on verra. »

Co-écrit avec Steve Henot.

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