L’industrie à la relance

Malgré le contexte sanitaire qui malmène de nombreux secteurs économiques, la plupart des entreprises industrielles résistent et se développent, grâce notamment au soutien public du plan « France Relance ».

Romain Mudrak

Le7.info

La « reconquête industrielle » est en marche ! La liste des sept premières entreprises de la Vienne lauréates du plan « France Relance » a été dévoilée pas plus tard que vendredi dernier, à Châtellerault. Le soutien de l’Etat s’élève à 5,7M€, les autorités tablent sur un effet de levier, avec près de 21M€ d’investissement au total. Les projets présentés par ces entrepreneurs ont vocation à moderniser leur outil de production ou développer des innovations. Bref, à préparer l’avenir.

Christian Richard l’appréhende sereinement. Le PDG d’ABC Essais (6,5M€ de chiffre d’affaires en 2019, 34 salariés à Châtellerault, 12 en Inde), fait partie des grands gagnants du jour. Créée il y a trente ans, sa société fabrique des bancs d’essai pour un large panel de grands noms de l’automobile, du ferroviaire et de l’aéronautique. Les composants hydrauliques du Rafale ou encore le train d’atterrissage de l’A350, par exemple, sont testés et certifiés grâce aux appareillages d’ABC. « Chaque année, nous investissons 10% de notre chiffre d’affaires dans la recherche et le développement, c’est notre force », souligne cet ingénieur de formation, qui voit là une façon de garder une longueur d’avance sur ses concurrents. Malgré une baisse historique de 35% de son activité en 2020, liée à la Covid-19, Christian Richard a déposé auprès du jury « France Relance » un dossier portant sur un projet innovant. Le dirigeant veut recycler des huiles aussi spécifiques qu’onéreuses pour les réutiliser. Si le dispositif fonctionne, ses clients et lui-même pourraient réduire leurs charges en consommables et leur impact sur l’environnement.

Des reconversions à préparer

Des projets comme celui-ci, la Vienne en regorge. Cipasmo, lauréat du prix Industrie du concours Créa’Vienne, envisage de passer de 5 à 10 salariés d’ici l’été. « L’année 2021 est prometteuse, estime Patrick Juhel, co-fondateur en 2020 de cette entreprise spécialisée dans la conception de moules et outillages. Plusieurs clients m’ont garanti des commandes. J’ai quarante ans de métier derrière moi, là où il y a du travail à prendre, j’y vais. Si ce n’est pas l’aéronautique, c’est le médical, le nucléaire ou même l’équitation de luxe. » La diversification, une autre clé du rebond. Pas de quoi faire oublier toutefois les dizaines de suppressions de postes ou d’emplois chez Mécafi, à la Fonderie Fonte et bientôt chez Thalès. Des intérimaires attendent encore qu’on les rappelle. Les syndicats s’inquiètent. Dans l’industrie, le chômage partiel est encore de rigueur. Mais qu’adviendra-t-il ensuite ? Une délégation de salariés de la Fonderie Fonte est d’ailleurs venue à la rencontre de la préfète Chantal Castelnot, vendredi, alors qu’elle s’apprêtait à visiter le siège d’ABC Essais. L’idée ? Solliciter son soutien pour préparer la reconversion des ouvriers licenciés. C’est tout l’enjeu de cette année dans l’industrie. Comme pendant la crise de 2008.

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