Le marchand de biens risque la prison

Un marchand de biens très connu à Poitiers ainsi qu’un de ses proches comparaissaient, jeudi, en correctionnel pour plusieurs motifs, dont l’escroquerie. Le parquet a requis de la prison ferme.

Romain Mudrak

Le7.info

Il aura fallu près de dix ans aux parties civiles pour arriver jusqu’au tribunal correctionnel. Dans le box des accusés jeudi soir, un marchand de biens aujourd’hui à la retraite, bien connu à Poitiers pour avoir investi dans de nombreuses opérations immobilières. Il a été à l’origine ou associé dans une trentaine de sociétés différentes. Il revendique encore un revenu mensuel de 30 000€. Et tout cela « sans savoir ni lire, ni écrire ». A ses côtés, un Poitevin présenté à plusieurs reprises comme « l’homme de main », « apporteur d’affaires », également mis en examen.

Face à eux, cinq personnes se sont constituées partie civile pour des faits remontant entre 2008 et 2011. Abus de confiance, escroquerie, extorsion de fonds, menaces de mort, abus de faiblesse... Neuf infractions sont retenues pour l’un des prévenus, six pour l’autre. Un exemple ? L’une des victimes, handicapée, s’est déplacée avec son curateur jeudi pour dénoncer des « escrocs », à cause desquels il vit désormais « en foyer ». Selon lui, ils auraient profité de sa faiblesse pour vendre son appartement à vil prix sans lui restituer l’intégralité de la somme. La victime aurait aussi contracté plusieurs prêts à la consommation et aurait été écartée d’une petite affaire à laquelle il aurait pourtant apporté la majorité du financement.

A la barre, les deux hommes, dont le marchand de biens qui se dit fragilisé par un récent AVC, tentent de s’expliquer, se rejettent la faute parfois. Convaincue de la culpabilité des deux hommes, la procureur évoque un « fort risque de récidive » et réclame des « peines sévères » : pour l’associé, trois ans de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, 4 000€ d’amende. Pour le marchand de biens, deux ans de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve dans les mêmes conditions que son compère et 12 000€ d’amende. Si la juge suit ses réquisitions, les deux individus devront aussi indemniser les victimes. Et ils seront interdits d’exercer toute activité commerciale.

Un "système" organisé ?
« Dans ce dossier, on fait une confusion des motifs de mise en examen, mais on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier, relève de son côté, Me Michel-Cau, avocate du marchand de biens. Il va falloir être vigilant en rendant ce délibéré. » Un peu plus tard, elle ajoute que « les sociétés (de son client) sont « clean » depuis toujours. » Représentant deux parties civiles, Me Ibara, de sa voix puissante, n’a pas hésité à évoquer « un système qui dure depuis les années 80 et qui a fait de nombreuses victimes ». Un réseau lié à « la franc-maçonnerie » impliquant notamment un « notaire » ainsi qu’un « mandataire judiciaire qui réservait des biens saisis à ce marchand de biens pour que ce dernier les achète à bas prix et réalise une plus-value ». Ceux-là n’étaient pas à la barre. Le délibéré sera rendu fin mai.

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