Evita, vous voilà avec le maillot tricolore pour un an…
« Il m’a fallu un peu de temps pour réaliser. Je l’ai porté pour la première fois lors de la Course by Le Tour, la plus belle pour porter ce maillot, la plus médiatique aussi. J’ai vraiment commencé à réaliser à ce moment-là puis après, pendant dix jours au Giro. Maintenant, ça me choque moins de me voir avec ce maillot (elle sourit). C’est une fierté de courir avec. Les gens me remarquent un peu plus. J’ai eu des félicitations, parfois de grands noms du peloton, ce qui fait plaisir. Si c’est une pression supplémentaire ? Non car l’objectif est plus qu’atteint aujourd’hui. Au contraire, la Course by Le Tour m’a aussi poussé à attaquer et mettre en avant ce maillot. Mais c’est sûr que quand j’attaque, je me sais attendue. »
Votre victoire d’étape au Giro 2020, la première de votre équipe sur le circuit World Tour, vous a-t-elle libérée ?
« Ca a été la victoire du déclic, avec celle en Championnat de France espoirs en 2019. Avant, je pensais être seulement forte en montagne. Avoir gagné ces deux courses au sprint m’a montré que je suis aussi capable de me transcender, de gagner dans un final. Stephen (Delcourt, le manager de la FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope, ndlr) l’avait tout de suite vu en moi et c’était peut-être l’un des seuls qui me croyait encore capable de gagner aux France… Je n’aurai pas cru y parvenir si tôt car c’était un objectif sur le long terme. Désormais, je me pose beaucoup moins de questions, j’ai beaucoup plus confiance en moi et ça me permet de plus oser. »
Quelle marge de progression vous donnez-vous ?
« Je n’ai que 22 ans, j’ai donc encore quelques années pour progresser physiquement. Avec le Tour de France en 2021, il y aura beaucoup plus de courses et rien que de les enchaîner va me faire prendre de la "caisse". Je sais aussi qu’il faut que je progresse en chrono, en puissance sur plat et un peu en punch… Pour l’instant, je n’ai jamais grillé les étapes, j’ai une progression linéaire et j’espère que ça va continuer pour encore quelques années. Dans toutes les catégories, j’ai gagné un titre tous les deux ans… Je pense qu’il n’y a pas plus linéaire que ça ! (rire) Quand j’étais petite, mon rêve était de devenir championne de France. C’est arrivé très tôt donc, maintenant, on revoit les objectifs à la hausse. Le plus dur est à venir et je travaille pour les atteindre. »
La FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope ne manque pas d’ambition, elle aussi… L’équipe idéale pour poursuivre cette progression ?
« Quand on voit l’équipe grandir et se structurer, ça booste encore plus. Il y a le motor-home et le futur camion-atelier qui vont arriver. Tout cela nous aide vraiment sur des courses comme le Giro : on a la clim', beaucoup plus d’espace, c’est plus confortable… Ca n’a plus rien à voir. Sans avoir le même budget, on commence à atteindre le niveau des garçons, les salaires aussi... La tendance s’est vraiment bien accélérée ces dernières années. Je suis arrivée au bon moment pour faire du vélo dans une équipe professionnelle féminine. »
Et vous allez découvrir le Tour de France féminin dès l’année prochaine…
« C’est la course que tout le monde attendait. Il y a pas mal de classiques qui ont créé leur pendant féminin ces dernières années, mais il manquait la plus belle. Désormais, la course a le même nom, il y a des étapes sur toute une semaine… C’est le cap qui manquait au cyclisme féminin. Et puis, c’est important que ce soit diffusé à la télé parce que le grand public est là et c’est peut-être la seule course que la majorité des gens connaissent. Niveau diffusion, on n’est pas si mal par rapport à d'autres sports : il y a quelques années, il fallait attendre trois heures pour avoir les résultats ! Mais le Tour, c’est vraiment un grand pas avant. »
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