MeToo n’est pas encore fini…

Le Regard de la semaine est signé Ilham Bakal.

Le7.info

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Le viol est un acte grave, intolérable. Les agressions sexuelles sont trop souvent le lot quotidien de nombreuses femmes autour de nous, les féminicides meurtrissent de manière invisible notre pays et nous laissent impuissant.e.s. Si l’urgence de l’Etat est de se préoccuper de ce qui est le plus grave, peut-on parler des petits actes de violation des droits des femmes sans en avoir honte ? Certains insignifiants, discrets car il y a plus grave, tu comprends, il y a toujours plus grave... Peut-on parler de la précarisation des femmes, du RSA insidieux qui contribuent à ce qu’elles restent dans ce statut de « demi-pauvres » ? Partout sont évoquées les différences de salaire entre femmes et hommes, parfois gargantuesques, mais parle-t-on des femmes qui ne gagnent rien et qui ne seront sollicitées que pour de l’éternel bénévolat ?

Il m’arrive régulièrement de rencontrer des femmes dans l’artistique ou le social qui m’expliquent leurs difficultés financières mais aussi leur sentiment de ne « rien » valoir car épuisées par la sollicitation harcelante du bénévolat. Je leur propose une astuce : « Le bénévolat attire le bénévolat, l’argent attire l’argent ». Je leur propose alors de réfléchir à un contrat de travail aussi minime soit-il et de s’y concentrer. Une discussion, deux échanges, trois cafés et… elles m’appellent pour me dire que ça marche. Je leur réponds : « Un contrat attire un contrat, mes belles. » Et les voici qui s’envolent, s’émancipent, s’épanouissent.

Le tour de passe-passe compris, il est alors plus facile de s’intégrer professionnellement. Curieux, non ? Malheureusement, les structures associatives n’ont pas intérêt à ce que leurs bénévoles dévouées leur échappent. Le bénévolat à titre de loisir, d’opportunités de rencontres sociales, d’engagement positif ponctuel, oui. Le bénévolat pour domestiquer la femme et l’empêcher de s’émanciper, non merci. Car la précarisation des femmes ouvre la porte à des violences de toutes sortes :
de la prostitution aux violences sexuelles, de l’exclusion sociale à la perte de logement. J’en sais quelque chose car j’ai moi-même été SDF pendant quatre ans... à cause du bénévolat. Le RSA est une bouée de secours pour toutes et pour tous pour un temps, ainsi que l’activité de bénévolat, et non une corde nouée prête à s’accrocher au cou des femmes pourtant incroyablement douées. Laissons les femmes s’émanciper plutôt que de les accaparer pour des financements publics mal ciblés.

CV express

Ancienne ingénieure informatique au CNRS dans l’aérospatiale pour devenir, au grand dam de ses parents immigrés marocains,saltimbanque en mode « couteau-suisse artistique » désireuse de parsemer des poussières d’étoiles plein les yeux en brûlant les planches, en dévorant les bibliothèques ou en se baladant de studios de musique en plateaux de tournage.

J’aime : la terre de mes grands-parents au Maroc, face à l’océan Atlantique, rêver et surprendre, les histoires de personnes banales qui font des choses incroyables, l’humour (marocain, ça va sans dire), faire rire les gens, les mélodies de mon mari, les câlins-poèmes de ma fille, mes moments en famille, de bons repas avec de bonnes personnes, les anecdotes de ma mère. 

J’aime pas : l’injustice, les discriminations, toutes les violences,notamment celles faites aux enfants et contre les femmes, la pollution et ce salaud de plastique, la mauvaise foi, la manipulation et les psychopathes. 

 

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