« Chaque logement est un cas particulier »

L’isolation de son logement n’est pas une question à prendre à la légère. Quand ? Où ? Comment ? Benjamin Meykerque, conseiller info énergie à la Maison intercommunale de l’habitat de Châtellerault, nous livre ses recommandations.

Claire Brugier

Le7.info

En matière d’isolation d’un logement, quelles sont les priorités ?

« L’isolation de la toiture ! C’est le poste où l’on va gagner le plus et on a souvent des combles perdus, plus simples et moins onéreux à isoler. Le deuxième poste, ce sont les murs. L’isolation par l’intérieur peut être très gênante lorsque l’on vit dans le logement.
Mais par l’extérieur, il peut y avoir des contraintes d’urbanisme, d’emprise sur le trottoir… Pour la toiture comme pour les murs, on estime l’économie d’énergie entre 15 et 20%. C’est pourquoi, même quand les gens viennent nous consulter pour un projet de chauffage, on leur parle isolation. »

Doit-on se préoccuper des séparations internes ?

« Tout dépend de l’usage. Dans une maison de 200m2, sur plusieurs étages, où des pièces ne sont pas occupées, on peut isoler le plancher intermédiaire pour éviter de chauffer des pièces non habitées au quotidien. »

Quels sont les matériaux les plus performants aujourd’hui ?

« Les isolants gagnent en performance mais il n’y a pas de révolution Il y a beaucoup de possibilités car il y a beaucoup de critères : confort d’été, d’hiver, migration de la vapeur d’eau, étanchéité à l’eau, dureté… Si on veut une bonne résistance thermique, on peut choisir le polystyrène ou le polyuréthane sous la forme de panneaux ou de mousse, mais ce sont des matériaux issus de la pétrochimie. D’autres sont plus efficaces en confort d’été, comme la ouate de cellulose ou la laine de bois. Chaque logement est un cas particulier et tous les isolants ont leur place sur le marché. »

Quel est celle des isolants plus écologiques ?

« Beaucoup d’usagers essaient de trouver des isolants plus vertueux, donc les matériaux bio-sourcés se développent :
ouate de cellulose, textile recyclé, liège en vrac, mélange de plusieurs isolants… Et des projets émergent sur le territoire, comme le développement du chanvre du côté de Thuré. Mais beaucoup d’artisans appliquent encore les méthodes à l’ancienne. Potentiellement il faudrait qu’ils se forment, mais ils n’ont souvent pas le temps. »

Financièrement, quels sont les matériaux les plus avantageux ?

« Aujourd’hui, il est impossible de descendre sous les tarifs de la laine de verre, tant elle est produite massivement. Mais la ouate de cellulose, fabriquée à partir de papier recyclé et déchiqueté, est presque aussi compétitive. Il faut compter 
1 à 2€/m2 de plus par rapport à la laine de verre. La laine de bois ou le chanvre, plus techniques, sont deux à trois fois plus chers. »

Peut-on réaliser ses travaux d’isolation soi-même ?

« Beaucoup de choses peuvent être faites soi-même mais attention aux techniques de pose :
le moindre morceau de scotch entre deux rouleaux de laine de verre a un intérêt thermique. On estime qu’un écart de 
1 à 2mm entre deux laines de verre équivaut à 25% de perte d’énergie. Sans compter les dommages liés à l’hydrométrie. Il faut aussi être très précis dans la pose des menuiseries. Aujourd’hui, certains artisans proposent d’accompagner les particuliers dans ce type de travaux, qu’il est valorisant de faire soi-même. »


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