Le sport de haut niveau pas sans les règles

Les menstruations rythment la vie de toutes les femmes, y compris des athlètes de haut niveau. Pour autant, le sujet est encore peu abordé dans le sport féminin, entre tabou et manque d’information. Or, c’est une donnée qui ne doit pas être négligée.

Steve Henot

Le7.info

« Et si on en parlait vraiment ? » Le 14 novembre dernier, sur Twitter, Marine Partaud a voulu mettre le doigt sur un sujet « encore trop souvent oublié » selon elle, dans le sport féminin : les menstruations. La joueuse de tennis réagissait ainsi aux larmes d’Iga Swiatek, prise de douleurs lors de son match perdu contre Maria Sakkari aux WTA Finals. « Elle semblait gênée d’en parler devant la presse, alors que c’est naturel », défend la Poitevine.

En effet, les athlètes ont leurs règles, comme toutes les femmes. A ceci près que ce phénomène physiologique peut « avoir un impact sur la performance sportive », assure Marine Partaud. Pas le cycle menstruel en tant que tel, mais le syndrome prémenstruel, à savoir les symptômes qui précèdent les règles. Fatigue, gonflements, ballonnement abdominal… Selon une étude menée entre 2008 et 2009 par l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance auprès de 403 sportives, 84,2% d’entre elles assurent les avoir vécus dans leur pratique. Marine Partaud se souvient d’un tournoi junior en Tunisie. « J’étais bien, je venais de gagner mon premier match 6-0, 6-0. Mais le lendemain matin, au réveil, je ne pouvais même pas bouger. Le mental est aussi touché, tes émotions sont décuplées, tu es plus irritable… » 
Comme elle, de nombreuses athlètes l’ont éprouvé sans avoir été sensibilisées au préalable. 
« On est trop peu informé dans les clubs ou par les fédérations. Seuls les médecins des pôles France font de la prévention, mais c’est trop peu. »


Une équipe de la Vienne suivie par l’Insep

Au haut niveau, les encadrants sportifs consultent d’eux-mêmes la littérature produite sur le sujet, pour accompagner au mieux leurs athlètes. « Ça ne court pas les rues, reconnaît Flavien Soenen, directeur de la performance à la FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope. Y a-t-il une vérité établie ? Comme la performance, ce n’est pas une science exacte. » 
Sollicitée par l’Insep, l’équipe cycliste basée dans la Vienne va participer la saison prochaine à une étude visant à analyser les cycles des sportives, via un suivi régulier. Pour permettre d’enrichir la connaissance sur les menstruations dans le sport.


« C’est intéressant d’en parler lors d’une préparation, explique Cédric Touquet. Pour une athlète qui présente un syndrome prémenstruel, on peut planifier des entraînements adaptés en lien avec son entraîneur. » Mais le médecin du Creps de Poitiers reconnaît qu’appliquer ce protocole au sein d’un collectif reste difficile en pratique. Le dialogue est la clé. « Cela reste plus difficile d’en parler avec les mineurs. » A la FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope, on mise sur une confiance mutuelle. Chaque coureuse « travaille avec son propre gynéco » 
puis échange avec le staff sur la charge d’entraînement ou encore la nutrition, selon son état. 
« Quand la relation de confiance est établie, on peut aborder la question, confie Flavien Soenen. Mais certaines ne vont pas attendre, c’est pour elles quelque chose de naturel. Et il le faut. Le sujet fait partie d’un tout, dans la performance et la santé. »


DR - Thomas Maheux

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