La guerre

Le Regard de la semaine est signé Lana Asaad.

Le7.info

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C’est une continuité de la politique, lorsque la diplomatie échoue entre deux Etats. Le pays le plus puissant recourt à la violence extrémiste par la force et les armes pour nuire à un autre et le soumettre par la force. C’est la lutte pour la survie ! Voilà ma définition générale de la guerre, mais ma définition personnelle est tout à fait différente. La guerre est un jeu de pouvoir sur les gens et les enfants. C’est une malédiction qui accompagne une personne toute sa vie. Ce sont des détails douloureux sculptés dans le cœur et la mémoire.

Aujourd’hui, à la veille de mes 
40 ans, et depuis ma naissance, mon pays traverse le temps et a toujours été confronté à des guerres. J’ai vécu trois périodes douloureuses et malheureuses : 
guerres de 1980 Iran-Irak, 1990 Irak-Koweït, 2003 Irak-Etats-Unis. Et pendant ces quatre décennies, j’ai dû changer de résidence dans plusieurs pays et sur plusieurs continents.

Les années se sont écoulées, j’ai grandi et je suis devenue mère. Il y a eu beaucoup de changement dans ma personne et mon état d’esprit. Mais la situation la plus douloureuse reste la mémorisation des faits auxquels j’ai assisté. J’ai subi ces guerres dans ma chair, elles ont affecté mon état psychologique et mental.

Tous ces moments resteront gravés durant toute mon existence. La peur ne peut pas se définir parce qu’il faut la vivre. Exemple, lorsque la sirène retentissait, ma mère et ma grand-mère nous rassemblaient à la lumière d’une bougie pour nous mettre en sécurité au fond de la maison, sous les tables.

Elles tentaient de nous rassurer en nous racontant des fables pour nous faire oublier notre peur et notre angoisse. Dans ces interminables moments, nous entendions le bruit des avions qui bombardaient la ville sans distinction. Cela donnait l’impression d’un tremblement de terre, vitres cassées, murs effondrés… Sans oublier les sirènes assourdissantes des ambulances. Lors des moments de répit, tout le monde se préparait à l’exode. Les rues et les maisons étaient complètement détruites, c’était le chaos total.

Une guerre s’est terminée, une autre a commencé. J’ai grandi... La guerre est une voleuse, de notre enfance, de nos rêves et de nos rires. Elle nous fait grandir trop vite. De tout mon cœur, je prie pour mon pays afin que les enfants puissent vivre dans l’insouciance. Que la paix règne dans le cœur des hommes. 

 

CV express
Journaliste irakienne. Kurde. Gérante d’un salon de thé à Châtellerault. Diplômée en journalisme à l’université de Souleimaniye, j’ai complété ma formation par un master en communication. J’ai quitté l’Irak en guerre en 2009, avant d’exercer mon métier en Egypte puis en Jordanie. En 2012, j’ai choisi la France pour poser mes valises et commencer une nouvelle aventure.

J’aime : Simone de Beauvoir, Paulo Coelho, Gabriel Garcia Màrquez, la photo, le chocolat, jouer avec les mots, la mer qu’on voit danser, la nuit et l’odeur de la pluie. 
J’aime pas : la chaleur, les klaxons, l’intolérance, l’impolitesse, la violence, la sirène les premiers mercredis du mois, un souvenir de guerre. 

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