Dans la Vienne, les communes 
au régime sec

En cas de réélection d’Emmanuel Macron, les collectivités devront réaliser 10Md€ d’économies. Une nouvelle difficile à entendre pour les maires, dont les communes ont vu leurs budgets sabrés par la baisse régulière des dotations.

Steve Henot

Le7.info

L’annonce a été froidement accueillie par plusieurs maires de la Vienne. Le 22 mars, le rapporteur général du budget, Laurent Saint-Martin, a assuré qu’Emmanuel Macron demanderait aux collectivités un effort de 10Md€ s’il était réélu, en vue de redresser les finances publiques. « Par an ou sur tout le mandat ? », 
ironise Jean-Louis Ledeux, le maire de Lusignan. Pour Claude Eidelstein, son collègue de Chasseneuil-du-Poitou et vice-président du Département et de Grand Poitiers, cet effort semble inévitable. « Quel que soit le président élu, les déficits de l’Etat sont si importants qu’on y est contraint. »


La nouvelle est d’autant plus difficile à encaisser pour nombre d’édiles qu’ils n’ont cessé de voir les dotations de l’Etat s’amaigrir depuis deux quinquennats. « On a perdu 200 000€ de dotations depuis 2015 », indique Jean-Louis Ledeux. Idem à Bonnes, où « nous devions faire un lotissement pour faire vivre l’école communale, précise le maire, Serge Cousin. On va finalement le faire faire par un privé… » Dans un moment où l’inflation pourrait tendre les trésoreries à moyen terme (énergies, matières premières, etc.), la marge de manœuvre des collectivités est plus limitée que jamais. « On nous a supprimé la taxe d’habitation, quel levier nous reste-t-il alors ? », interroge Serge Cousin.


Grand Poitiers va aider 13 communes

Augmenter la fiscalité ? « Dans mon esprit, c’est la dernière chose à laquelle on doit penser », 
répond Claude Eidelstein. 
« Exsangue », la commune de Lusignan n’a pas eu d’autre choix que de voter une nouvelle hausse des impôts de 4% (+10% en 2021). Comme à Chauvigny et Naintré, où le taux de taxe foncière a augmenté de 10 et 28% « J’ai été élu pour remettre les comptes à l’équilibre, même si c’est un choix difficile, justifie Jean-Louis Ledeux. On continue aussi de serrer les dépenses de fonctionnement. » Avec, en tête, la nécessité de 
« ne pas déstabiliser les services, souligne le rapporteur général des finances à Grand Poitiers. Chacun a déjà pris des décisions d’économies. Mais il y a un minimum de charges fixes qu’on ne pourra plus compresser. » 


La baisse continue des dotations globales de fonctionnement (DGF) depuis 2014 a conduit Grand Poitiers à prévoir dans son budget 2022 un « pacte fiscal et financier ». En somme, une enveloppe de solidarité (250 000€ ) 
et une autre de soutien à l’investissement (240 000€) qui devraient être distribuées aux treize communes les plus en difficulté au sein de la communauté urbaine, selon plusieurs critères (endettement, projets d’investissement…). Parmi elles, Bonnes (31 000€) et Lusignan (47 000€), mais aussi Cloué, Saint-Sauvant, Savigny-L’Evescault, Tercé… Une façon de compenser d’importantes disparités entre les quarante communes dans l’octroi des DGF. « En intégrant Grand Poitiers, on a perdu les dotations de solidarité rurale et on est considéré comme une commune riche », regrette Serge Cousin. Ces deux enveloppes de soutien communautaire seront soumises au vote du prochain conseil, vendredi. Mais pas de quoi apaiser la colère des maires. « Et elles sont où les économies de l’Etat ? »

DR

À lire aussi ...