Maximilien Petitgenet, habitant de la planète faire

Maximilien Petitgenet. 36 ans. Fondateur du cabinet Purple Pepper, destiné à « aider les entreprises à devenir durables ». Ancien étudiant-ingénieur de l’Ensma, école d’ingénieurs aéronautique. Bien décidé à consacrer le reste de sa vie à sauver la planète. Pour ses trois filles et les générations à venir.

Arnault Varanne

Le7.info

Pendant sept ans, il a incarné avec Arnaud Brillaud le bon génie de la lampe, Aladin, produit phare de l’entreprise Domalys, spécialiste du mobilier et des objets connectés pour les maisons de retraite. Mais il y a quelques semaines, Maximilien Petitgenet a choisi de quitter la PME à succès -« au top des ventes et du marketing »- pour se lancer dans une aventure plus solitaire. Quoique... A 36 ans, le Poitevin s’est fixé une mission et une seule : voler au secours de la planète. « On n’a plus le temps. Moi, je veux passer le reste de ma vie à lutter contre le réchauffement climatique », dit-il sans ambages. Son grand dessein paraît ambitieux, presque inatteignable. « Mais si je ne le fais pas, qu’est-ce que je dirais à mes filles (4, 7 et 9 ans) dans quinze ou vingt ans, alors qu’elles vivront dans un monde significativement dégradé ? »

Une société à mission

Dans sa bouche, la question a valeur d’injonction à agir vite et fort. Après son départ de Domalys, certains lui ont conseillé de faire un break de quelques mois avant de replonger dans le grand bain du consulting. Mais le Lyonnais d’origine, qui a passé une partie de son enfance dans les Vosges, n’aime pas les images d’Epinal, de celles qui vous obligent à coller aux attentes des autres dans un réflexe conformiste. « Impatient », il a très vite lancé sa société à mission, Purple pepper, pour « conseiller et former les entreprises sur les quatre piliers de la durabilité » : purpose, planet, people et profit. Ou comment, quand on est chef d’entreprise, donner du sens à ses salariés, tendre vers la neutralité carbone, respecter les humains tout en étant viable économiquement. « L’entreprise privée fait partie du problème mais elle peut être la solution. Ce qu’a fait Elon Musk avec Tesla est inspirant. Il a bouleversé l’industrie automobile bien plus vite que n’importe quel plan étatique. »

« Je vous arrête tout de suite, du pétrole il y en a encore pour cent ans... »

Au fond, l’environnement constitue une sorte de retour aux sources pour lui. Car s’il a hérité de son père le goût d’entreprendre, l’ingénieur aéronautique tient sa conscience écologique de sa mère. Et c’est d’ailleurs avec cet esprit conquérant qu’il a intégré l’Ensma, en 2005, tout heureux de s’atteler à la conception des « moteurs d’avions à hydrogène ». Son enthousiasme aura duré trois semaines. « On a assisté à une conférence de l’un des dirigeants de Total. A la fin, je lui ai exposé mon projet. Il m’a répondu « Je vous arrête tout de suite, du pétrole il y en a encore pour cent ans et on sait déjà en produire de synthèse... Ça m’avait scié. » Finis les rêves d’avions plus propres. Qu’à cela ne tienne, l’étudiant s’est mué en créateur d’entreprise. Noveol est née de son imagination et de celle son camarade de promo Abdennour Rhamani. Leurs éoliennes à axe vertical ont fait long feu, mais l’expérience s’est révélée enrichissante.

Memento Mori

Quinze ans plus tard, l’urgence est encore plus prégnante. Abreuvé « des vidéos de Jean-Marc Jancovici », le chef d’entreprise désespère parfois de la vacuité du monde. « On a plus parlé de la baffe de Will Smith aux Oscars que du dernier rapport du Giec... » Désespérant. Maximilien Petitgenet, sur le terrain de la sensibilisation, la morale remporte peu de suffrages. Alors il passe par des climateliers ou des fresques du climat pour éveiller les consciences, conscient que le message sans le message ne vaut rien... et vice versa. En regard dans le rétro, l’entrepreneur n’a pas toujours été un modèle de vertu dans les relations humaines. « A la base, j’étais un peu radical et peu enclin à la discussion. Je crois que j’étais un gros c... de manager ! » Avec le temps, il a appris à arrondir les angles et s’est même mué en auteur d’un livre à succès intitulé Le management libérant. Tout le contraire de la verticalité évoquée quelques lignes au-dessus. Son engagement au Centre des jeunes dirigeants l’a aussi aidé à opérer sa mue.

Pianiste amateur, Vététiste du dimanche et amoureux de la philosophie, Maximilien Petitgenet reste un épicurien nourri des « beautés du monde » mais bien conscient de la fragilité de nos vies. « Ma plus grande peur, c’est évidemment celle de mourir. Et je me rappelle tous jours Memento Mori (Souviens-toi que tu vas mourir », ndlr). Alors il ne faut pas perdre de temps et arrêter de prévoir qu’on va faire des choses mais les faire. » Parole de stoïcien et de défenseur de la planète.  

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