Être Humain

Le Regard de la semaine est signé Cristiane Santos-Bodin.

Le7.info

Le7.info

L’être humain est une usine à gaz. En préambule, il est essentiel de se demander : qu’est-ce qu’être humain ? D’après le sociologue Edgar Morin, l’humain est tel une trinité : individu, société et espèce. On ne peut parler de lui sans évoquer la société dont il fait partie. Ce sont deux éléments indissociables. Peut-on juger l’individu sans porter un regard sur la société qui l’entoure ?

Les relations sociales languissent dans les grandes villes. En guise d’exemple, prenons les « nouvelles règles »
dans un grand lieu touristique, un endroit sur lequel il faut absolument faire des études analytiques sociétales. Les visiteurs en liesse se prennent en photo à tout-va, au nez et à la barbe de leurs homologues qui, parfois par choix, sont à la traine de ce nouvel ordre mondial. Ces derniers restent à la merci de cette légion d’humains en train de « pérenniser » un moment qui peut-être sera oublié dans la mémoire d’un disque dur saturé. Pour quelle raison prendre des photos plus que de raison ?

Le dernier cri ne devrait être ni d’avoir un Insta plein de clichés à faire rêver, ni faire des émules, mais pouvoir faire chou blanc numérique tout en enregistrant des prises de vue dans sa matière grise, un vrai disque dur bio. Et par la suite, établir des liens sincères en partageant ces moments avec les siens et ses collègues. Un autre point qui me vient à l’esprit vis-à-vis des humanoïdes concerne leur capacité à faire l’autruche alors qu’il y a tant de détresse dans ce monde. Comment la société peut-elle se réjouir au grand jour, tandis que les fossés se creusent progressivement entre les communautés ? Il est tellement facile de détourner le regard tout en niant son déni. Qui veut couper la poire en deux ? De nos jours, le comble de la prospérité est pour certains de manger à leur faim, tandis que pour d’autres c’est de s’acheter des biens stériles.

Il faut remplir de sensibilité la vacuité des relations sociales. Faire sa part à un degré raisonnable, aux petits oignons, sans s’abstenir de ses privilèges, de son bon vin, ni de sa bonne vie. Poser son regard sur l’autre, remettre en question l’origine de son désarroi à lui et arriver à s’épanouir dans sa vie à soi, c’est tout à fait possible. Peut-être que ce que je dis restera lettre morte. Cependant, je ne demeure pas du côté de l’espèce laxiste. Veillez, indignez-vous, partagez, agissez. La période de vendange viendra par conséquent, mais d’une façon plus équitable. A la fin, c’est bon d’être humain, mais pour que cela vaille la peine, il faut l’être en groupe.

CV express
Native de Rio de Janeiro, j’ai fait mes études en français/portugais. Actuellement, je travaille auprès des migrants en tant que formatrice FLS. J’adore mon métier car le contact avec d’autres cultures me permet d’être plus consciente de mon rôle dans ce monde.

J’aime : mon fils, Rio, Gaël Faye, la musique et la culture brésiliennes, Edgar Morin, Charles Aznavour, Simone Veil, faire la cuisine, être à la plage, danser les yeux fermés, les paysages en pleine nature, la sociologie, l’eau de coco et les couchers de soleil à Rio, tous les arts, le Pays basque. 

Je n’aime pas : les incivilités, être sous pression, me réveiller tôt, les mouches, les parfums à la noix de coco, l’injustice sociale, l’injustice tout court, la jalousie.

À lire aussi ...