Isabelle Soulard. 59 ans. Historienne de formation et par passion. Enseignante. Conférencière. Ex-conseillère départementale dans le groupe des élus de gauche. Catho revendiquée. Et amoureuse patentée du patrimoine. Signe particulier : un irrépressible besoin d’aider les autres.
Elle le jure, c’était oublié le lendemain. Au soir du 27 juin 2021, elle s’est pourtant imposée une diette médiatique de quelques mois après sa défaite au second tour des élections départementales. En binôme avec l’entrepreneur Pierre Goubault, Isabelle Soulard a tourné la page de la politique comme on entre dans les ordres : dans la radicalité ! Deux ans plus tard, l’ex-conseillère départementale du canton de Poitiers 3 a « repris sa liberté de parole » mais s’interdit de parler de l’action des élu(e)s. Ses six ans au Département resteront sans doute comme une parenthèse, dorée ou empoisonnée c’est selon. La « catho de centre-gauche » a aimé porter des projets tels que la Charte pour l’égalité entre les hommes et les femmes ou encore la véloroute Scandibérique. Et, au passage, a voté en faveur de l’Historial du Poitou et de l’Arena Futuroscope. Elle goûte peu les réflexes pavloviens d’opposition systématique. « J’ai des amis à gauche et à droite, ça n’a pas changé. Et vous pouvez écrire que je n’irai pas aux prochaines Municipales, malgré les nombreuses sollicitations ! »
« Un look de bourgeoise »
Ainsi avance la native de Brest, tempérament de feu derrière
« un look de bourgeoise » BCBG. La fille de coiffeur finistérien assume tout. Y compris sa comparaison entre Léonore Moncond’huy et Odette Roux, une jeune résistante de 27 ans élue maire des Sables-d’Olonne en 1945. Elle trouve la maire de Poitiers « très intelligente, compétente et bosseuse ». L’ancienne présidente du comité de soutien... d’Alain Claeys en 2014 n’ira pas plus loin car elle a beaucoup d’autres mandats à assumer. La professeure d’histoire-géo assure depuis un trimestre des remplacements dans des bahuts de toute la France. A Civray la semaine dernière, aux Sables-d’Olonne et en région parisienne avant... Un retour à ses premières amours en quelque sorte. « J’avais arrêté il y a vingt-cinq ans car mon poste était à 500km. Avec trois enfants en bas âge, c’était difficile de concilier. Je retrouve les classes avec plaisir. »
Par-delà les salles de cours, celle qui a grandi rue La Pérouse avec vue sur mer cultive en permanence son « désir d’ouverture ». « Et l’histoire est ce qui permet d’être le mieux en compréhension du monde, de son entièreté »,
ajoute la spécialiste du Moyen Age. La conférencière rend un hommage appuyé à son grand-père peintre qui l’a emmenée le premier visiter des châteaux. Bon sang ne saurait mentir, a fortiori pour une passionnée de généalogie. « Je descends d’un chapelier de la place Notre-Dame, d’un éleveur de poules de la place Montbernage mais aussi des ducs d’Aquitaine et du maire de Fontaine-le-Comte qui a sauvé l’abbatiale. C’est peut-être lui qui m’a donné le goût de sauvegarder le patrimoine ! »
A la Fondation du patrimoine comme auprès des anciens combattants, au championnat de France de cyclisme du clergé comme auprès du comité de quartier du Pont-Neuf, Isabelle Soulard se démultiplie. La mère de trois grands enfants (28, 25, 23 ans) dort très peu et sait combien « la vie est fragile » depuis le décès de son époux Michel en 2012, emporté par un cancer. « La vie est trop courte pour ne pas en profiter... »
Alors au-delà des conférences et interventions, elle écrit beaucoup, des livres d’abord -le dernier s’intitule Ma petite histoire du Poitou(*)-, des posts sur les réseaux sociaux ensuite, des chroniques à la radio enfin. Elle aide aussi ses contemporains, qui pour un job, qui pour un logement, un problème de voisinage... Un héritage de sa grand-mère maternelle. « Tout
le monde venait chez elle, c’était la maison du Bon Dieu ! »
Retraite spirituelle
Elle-même s’est engagée dès le lycée en faveur des femmes boliviennes. Reste que son hyperactivité conjuguée à une certaine volubilité -« je sais, je suis trop bavarde »- nécessite parfois des temps de pause. Qu’elle s’accorde au monastère Sainte-Croix ou en vacances, près des Sables-d’Olonne où elle possède une caravane. La spécialiste de l’histoire des femmes du Grand-Ouest se déplace à vélo, en short au bord d’un océan qui lui est « vital ». Bref, cette grande fan de Dalida et de la série Barnaby est souvent là où on ne l’attend pas. La petite mère des Poitevins, surnom donné par un confrère, revendique une certaine naïveté mais assume sa sincérité. Il en va de la politique comme des autres domaines. Elle qui entreprend « par plaisir » résume sa philosophie en une formule :
« se contenter de ce qu’on a et être satisfait de ce qu’on fait ». Dans le tumulte actuel, l’assertion revêt un caractère particulier.
(*)Une histoire de la Vienne depuis le temps des dinosaures jusqu’à nos jours, à La Geste. Prix : 9,90€.