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Le Travail alternatif payé à la journée (Tapaj) vise à aider des jeunes en situation précaire à reprendre le contrôle de leur consommation de drogue et de leur vie. Accompagnés par Aides, ils envisagent l'avenir autrement.
Il fait 35°C ce vendredi de juillet. Casque réglementaire sur la tête et chasuble jaune bien visible, Mathieu rassemble l'herbe fraîchement coupée autour des bâtiments du centre de tri de Saint-Georges-lès-Baillargeaux, géré par Suez. C'est son deuxième chantier proposé dans le cadre du Travail alternatif payé à la journée (Tapaj). A 19 ans, il est sans domicile fixe et consomme diverses substances psychoactives depuis quatre ans déjà. « J'ai eu des problèmes de famille et un comportement quelque peu autodestructeur », admet le jeune homme. Les 40€ gagnés à la sueur de son front après quatre heures de travail lui sont versés dès la fin de sa mission par la Sate 86. De quoi lui permettre d'éviter de faire la manche avec tous les désagréments associés. Et aussi de lever la tête, prendre du recul et de penser à son avenir au-delà du prochain repas. « Ce dispositif est vraiment ouvert aux plus précaires, il permet de rencontrer des gens et de parler, c'est bien. »
Arrêter la drogue ? Pas un préalable
Mathieu a découvert Tapaj en venant faire un dépistage chez Aides. D'autres ont croisé la route d'Alice Michaud dans la rue au cours d'une maraude. Présente sur chaque plateau de travail, cette animatrice d'action chez Aides n'hésite pas à mettre la main à la pâte. « On apprend à se connaître, on discute de leur situation, je ne suis pas dans le démarchage. S'ils sont motivés, on met en place des objectifs progressifs pour une meilleure gestion de leur consommation. Arrêter la drogue n'est pas un préalable. » L'idée est qu'ils reprennent confiance en eux pour oser se lancer dans des projets et retrouvent une place dans la société. Avec les collègues de la Mission locale d'insertion, les jeunes parlent ensuite logement, santé, formation...
Depuis février 2022, neuf « Tapajeurs » de 16 à 25 ans ont travaillé sur des chantiers de Suez ou de la SNCF (archivage, manutention, nettoyage...). « Dans cette association communautaire, les salariés connaissent nos problèmes pour les avoir souvent vécus. Ils ne sont pas dans le jugement, c'est un espace de confidence », estime Sacha. A 24 ans, ce diplômé des Beaux-Arts sans emploi a déjà effectué une dizaine de chantiers. Amateur de free-party, il est devenu accro à plusieurs drogues au fil des années. « J'ai commencé dans le milieu festif, mais c’est très vite devenu une habitude, voire une obligation. En tout cas, ce n'était pas à des moments choisis. » Aujourd'hui, il veut « transformer sa consommation », « reprendre le contrôle », et avec Tapaj il a trouvé la direction qui lui convient.
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samedi 05 octobre