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L’ouverture d’une mercerie à Poitiers, le recours croissant aux retouches sur des vêtements de seconde main ou encore la création de Studio Up, l’économie textile a semble-t-il entamé sa transition écologique, même si les initiatives restent encore éparses.
« Une mercerie ? Oh la la ! C’est une richesse ça ! Et en plus on peut apprendre ! », s’exclame Josseline, 80 ans, en découvrant Aux moutons qui courent. Quelques mois après la fermeture de la dernière mercerie de Poitiers, place du Maréchal-Leclerc, Margaux Peyserre et Marielle Minard ont ouvert fin janvier leur boutique Grand’Rue. Les deux jeunes passionnées se sont connues alors qu’elles étaient employées dans une mercerie parisienne. De là, elles ont pu évaluer la tendance. « Depuis les confinements, le faire soi-même connaît un gros boom, remarque Margaux. Les jeunes en particulier se montrent très intéressés, pour customiser des vêtements notamment. » Ou juste les faire retoucher.
Installée à Châtellerault depuis 1992, Laurence Crespin voit en effet apparaître « des jeunes entre 20 et 30 ans ». « Ils viennent souvent pour faire remettre à leur taille un vêtement ». Plus largement, « les demandes ont beaucoup changé, constate la gérante de Rapid’Couture. Avant on ne travaillait que sur du neuf, aujourd’hui les clients viennent avec des vêtements qu’ils ont ressortis des placards ou achetés en friperie. »
Bonus réparation
Gérante depuis 1997 de Beaulieu Retouches, à Poitiers, Iman Charanek date le début du changement à 2008. « La crise a bousculé beaucoup de choses. Depuis, l’activité est très fluctuante. Avant, on faisait peu de raccommodages, on nous confiait plutôt des robes du soir ou des costumes. Aujourd’hui, il y a de tout, on est amené à faire des ourlets sur du neuf comme sur de la seconde main. J’ai à la fois une clientèle fidèle et des personnes qui ont acheté des vêtements via Internet et veulent les faire ajuster. »
L’essor du marché textile de la seconde main, en friperie (Le 7
n°597) ou en ligne, ne serait donc pas étranger au retour en grâce de la couture, encouragé par Refashion. L’éco-organisme n’a-t-il pas lancé, depuis novembre dans la Vienne, un bonus réparation textile et chaussures (entre 6€ et 25€) ? Malheureusement, moins d’une demi-douzaine d’artisans sont labellisés à ce jour. Et on continue de jeter chaque année en France entre 10 000 et 20 000 tonnes de vêtements… Sans compter les stocks dormants de matière première.
Pour « ralentir la production de nouveaux tissus », Charlotte Trocmé-Beaujour a, à son échelle, créé Studio Up, avec dans l’idée de développer au sein de l’économie sociale et solidaire une filière autour de l’upcycling. A partir de chutes, la designer textile sous-traite déjà la confection d’objets usuels (cabas, pochettes, etc.) à l’atelier d’insertion de Pourquoi pas la ruche, à Poitiers. Lequel ne manque par ailleurs pas de sollicitations. « Nous avons beaucoup de demandes en retouches", confirme Camille Rousselot. Beaucoup répondent à une nécessité économique mais « d’autres s’inscrivent dans une démarche écologique ». Celle-là même qui a motivé en octobre, à Poitiers, le premier Festival de la mode responsable et, dans son prolongement, la création du Comptoir de la mode responsable, un dispositif destiné à accélérer la transition écologique au sein des filières textile, cuir, équipements de protection individuelle et ameublement.
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