Dissuasion nucléaire : la centrale de Civaux mise à contribution

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu s’est rendu aujourd’hui à la centrale nucléaire de Civaux pour annoncer aux salariés et aux élus que le site allait contribuer à irradier des matériaux fournis par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

Arnault Varanne

Le7.info

La convention entre EDF, le CEA et le ministère de la Défense devrait être signée dans le second semestre 2024 et la nouvelle activité pourrait démarrer courant 2025. En complément de son activité première, le centre national de production d’électricité (CNPE) de Civaux va accueillir un service d’irradiation de matériaux. Concrètement, « il s'agit d'exploiter la puissance des deux réacteurs de Civaux pour irradier dans le cœur des réacteurs des matériaux particuliers contenant du lithium. Une fois irradiés, ces derniers seront transférés vers un site du CEA afin de produire du tritium, un gaz rare indispensable aux armes de la dissuasion ». Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a informé salariés, syndicats et élus aujourd’hui du futur partenariat avec EDF.

« Sur du temps long »

Civaux sera ainsi la seule centrale de l’Hexagone à collaborer avec l’Etat pour favoriser la dissuasion nucléaire. « Elle a été retenue pour des raisons techniques et aussi parce que c’est la centrale la plus jeune du parc », précise Etienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire d’EDF. L’énergéticien devra au préalable obtenir les autorisations de l’Autorité de sûreté nucléaire, même si « le régime de la centrale ne changera pas ». Aucune création n’est prévue à ce jour. La convention prévoit en revanche une indemnisation pour compenser cette nouvelle activité. 

La sécurité ? EDF se veut rassurant vis-à-vis des habitants de la Vienne. « Il n’y aura pas d’apport de radioactivité supplémentaire par rapport à ce qu'on connaît sur un réacteur », insiste Etienne Dutheil. Cette collaboration entre nucléaire militaire et civile est à l’étude depuis une trentaine d’années. Elle se matérialise aujourd’hui pour « permettre aux personnes responsables de la dissuasion dans 10 à 15 ans de continuer à disposer de tous les moyens possibles. Nous sommes sur du temps long ».

Crédit préfecture de la Vienne

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