L'inquiétude gronde chez les infirmières Asalée

Asalée est en souffrance. Cela fait plus d’un an que l’association qui porte ce dispositif original de prise en charge des patients atteints d’une maladie chronique et la Caisse nationale d’assurance maladie sont en quête d’un consensus.

Claire Brugier

Le7.info

Les infirmières Asalée sont inquiètes. La convention entre l’association qui les emploie et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), son principal financeur, aurait dû être renouvelée en janvier 2023. Or les pourparlers sont au point mort et les professionnelles craignent, outre une asphyxie financière de l’association due à une hausse des recrutements à budget constant, de perdre ce qui fait le socle-même de leurs missions : le temps.

Créé en 2004 dans les Deux-Sèvres, Asalée, acronyme d’Action de santé libérale en équipe, porte un dispositif souvent méconnu. Dans le cadre du suivi des patients atteints d’une maladie chronique, l’association met en œuvre la coopération entre des médecins généralistes et des infirmières déléguées à la santé publique, infirmières en pratique avancée et médiatrices en santé. La Vienne compte 35 de ces professionnelles qui travaillent avec 130 médecins. Lucie Ménard, Naïma Bounafaa et Magalie Dupuy sont trois d’entre elles. Comme beaucoup, elles ont d’abord connu les secteurs hospitalier et libéral, et donc le temps compté par manque d’effectif, par besoin de rentabilité… Rien à voir avec Asalée. « Grâce à ce dispositif, on retrouve les valeurs de notre métier et de bonnes conditions de travail », résume Magalie Dupuy.

« Une sorte 
de décodeur »

Derrière un diabète de type 2, 
une maladie cardiaque ou une bronchopneumopathie, les infirmières Asalée voient avant tout le patient et ses besoins. « Ils sont vraiment au centre de nos missions, insiste Naïma Bounafaa. Quand il y a rupture du parcours de soins, on les accompagne pour lever les freins qui les gênent dans la prise en charge de leur santé, cela peut être la précarité, la langue, l’isolement, un passif compliqué... On est aussi une sorte de décodeur dans les relations avec les autres partenaires de santé, les infirmières libérales, l’hôpital… On fait en sorte que le patient soit compris et qu’il comprenne. Mais établir un lien de confiance peut prendre du temps. » Or, ce n’est pas un secret, « que ce soit à l’hôpital ou en libéral, les professionnels de santé n’ont plus le temps, témoigne le Dr Philippe Bouchand, représentant des médecins libéraux dans la Vienne. C’est pourquoi le recours à une infirmière Asalée a révolutionné notre prise en charge des maladies chroniques ! Cela libère le médecin et rassure le patient. » Malheureusement, déplore Lucie Ménard, « le dispositif tel qu’on le connaît actuellement est en danger ». Et ce alors même qu’il est source d’économies. En 2011 déjà, le Centre d’analyse stratégique, actuel France Stratégie, évaluait à 10% les économies réalisées dans la consommation de soins grâce à ce dispositif, qui tend aujourd’hui à s’étendre à des spécialités telles que la pédiatrie. Les 2 080 salariées de l’association comptent désormais dans leurs rangs des infirmières de puériculture.

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