Aujourd'hui
Des chercheurs poitevins ont créé un test destiné à évaluer l’impact de certaines odeurs, images ou situations sur l’envie de fumer. Une manière de réduire les risques de rechute et d’adapter le traitement pour les abstinents du tabac.
L’odeur du tabac, certains la détestent, mais pour beaucoup de fumeurs, elle donne envie de s’en griller une. Et c’est souvent pire pour les abstinents qui cherchent à se défaire de la dépendance à la cigarette. Dans le milieu de la prévention anti-tabac, on appelle cela un « indice environnemental ». Des chercheurs poitevins viennent d’élaborer un test comportemental pour évaluer les risques de rechute liés à toutes ces images, ces situations et ces odeurs qui rappellent le plaisir de fumer aux anciens fumeurs.
Ces scientifiques font partie du Laboratoire de neurosciences expérimentales et clinique de l’université de Poitiers (Lnec), labellisé Inserm, auquel on doit déjà plusieurs études sur le sujet comme, par exemple, l’usage de la musicothérapie en matière d’addiction (Le 7 n°625). Avec leurs collègues psychologues poitevins du Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage (Cerca), ils viennent de publier un article dans Nicotine&Tobacco Research, une revue de référence dans le domaine.
Comportement inconscient
En quoi consiste ce test ? Quatre tas de cartes, face cachée, sont présentés simultanément sur un écran d’ordinateur. Les participants cliquent pour les retourner. Certaines images sont neutres (escaliers, ampoule...), d’autres sont connotées positivement (bébé souriant, beau paysage...), d’autres négativement (enfants dénutris, animaux maltraités…). Enfin, une dernière série d’images est clairement liée au tabac (fumeurs en soirée, cendrier…). Sans leur donner de raison particulière, il est demandé aux participants de désigner le type d’images qu’ils ont le plus aperçu. « Les résultats montrent objectivement que les fumeurs et anciens fumeurs ont tendance à citer davantage les images liées au tabac », assure Marcello Solinas, directeur de recherche au sein du Lnec. Premier constat. Mais souvent, ils se trompent ! « 40% des participants qui répondent le tabac ont en réalité vu des images d’une autre catégorie, ce qui laisse penser que l’effet des indices environnementaux sur l’envie de fumer est en partie inconscient. »
Ce test est une vraie nouveauté car, jusque-là, la mesure des troubles liés à l’usage du tabac reposait essentiellement sur des questionnaires d’auto-évaluation de la consommation. « En analysant les réponses à ce test, il va être possible d’identifier les déclencheurs de l’usage du tabac et de réduire le risque de rechute », conclut Marcello Solinas. En proposant un suivi plus soutenu par exemple.
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