Le climat scolaire 
interroge

A Vouneuil-sur-Vienne, trois professeurs du collège Camille-Guérin ont récemment été victimes d’insultes et de menaces de mort. Des faits qui surviennent quelques semaines après les coups reçus par un enseignant à Buxerolles.

Arnault Varanne

Le7.info

« T’es une grosse p..., une c... Je vais te tuer demain matin. » 
Voilà le type de messages qu’ont reçus trois professeures du collège Camille-Guérin de Vouneuil-sur-Vienne les 20, 21 et 
22 mai, à partir d’une messagerie Pronote piratée. « Moi, c’était à 7h04 le jeudi, témoigne Christine(*), l’une des victimes. Sur les conseils de la direction du collège, je suis allée déposer plainte à la gendarmerie de Pleumartin. » Ses deux collègues ont fait la même démarche quelques heures plus tôt. L’autrice des faits, une élève de 6e, a fini par se dénoncer et risque l’exclusion définitive. 
« Le compte utilisé est celui d’une élève ayant perdu son carnet de correspondance. La réaction de l’équipe de direction a été immédiate », assure Alexandre Menanteau, chargé de mission second degré auprès de la Directrice académique des services de l’Education nationale.

« Les relations 
se tendent »

Dans un établissement jusque-là plutôt calme, l’affaire -qui a fait l’objet d’une déclaration au Registre santé et sécurité au travail- interpelle. Elle s’ajoute à d’autres faits inhabituels, notamment l’appel aux forces de l’ordre pour faire sortir des parents irascibles du collège, des tensions récurrentes avec d’autres familles, un salut nazi, des vitres brisées... « Le climat scolaire se dégrade vraiment et on ne se sent pas toujours soutenus », soupire Christine. 
« Certains élèves se croient tout permis, constate Julien Dupont, secrétaire général du Snes-FSU dans la Vienne. Il y a beaucoup d’histoires liées aux réseaux sociaux. Ça met en grande difficulté les collègues sur le terrain, qui se sentent un peu seuls dans les établissements. On a de plus en plus d’appels sur ces sujets. Clairement, les relations se tendent entre les usagers et l’institution. » 
A l’image de ce professeur frappé par un élève de 5e à Jules-Verne, à Buxerolles, le 
11 avril dernier, après une simple remarque dans un couloir...

« Pas de dégradations »

Que disent les chiffres ? Selon le rectorat, 778 faits ont été signalés depuis septembre 2024 dans la Vienne, 1er et 2nd degrés confondus. « Sur 70 000 élèves et 7 000 personnels, observe Alexandre Menanteau. Ce n’est pas plus que l’année dernière. Une année scolaire, ce n'est jamais un long fleuve tranquille. Il y a parfois un moment où les élèves et les enseignants sont fatigués. En tout cas, on ne constate pas une dégradation du climat scolaire. » Altercations entre élèves, tentatives d’intrusion, menaces... Les statistiques officielles englobent des incidents de nature différente. Mais les faits traduisent imparfaitement le mal-être grandissant des enseignants sur le terrain. 
« Il n’y a plus de lieux épargnés, estime Julien Dupont. Dans beaucoup de situations, on fait d’ailleurs remonter des choses en off aux services du rectorat pour les alerter. Mais il ne faut pas s’étonner que le métier n’attire plus. Au-delà du salaire, la question des conditions de travail est clairement en cause. »


(*)Le prénom a été modifié.

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