Les réseaux sociaux 
ont des oreilles

De nombreux animateurs jeunesse poursuivent leurs missions d’éducation et d’écoute en mode virtuel sur les réseaux sociaux. On les appelle les Promeneurs du Net. Le dispositif va être élargi aux parents.

Selma travaille au centre socioculturel (CSC) Le Local, en centre-ville de Poitiers. Responsable du secteur ados, elle garde toujours un œil sur les réseaux sociaux d’une quinzaine de jeunes âgés de 11 à 
16 ans. « On se suit sur Insta tout simplement, tout le monde est au courant. » L’idée n’est pas de les « fliquer » mais plutôt d’utiliser certaines publications comme prétexte à la discussion. « Je vois leurs stories, leurs commentaires, quand ça m’interroge, je leur en parle en direct sans tabou. » 
Dans le climat de confiance que Selma est parvenue à mettre en place, les jeunes se sentent souvent suffisamment à l’aise pour faire le premier pas et aborder eux-mêmes les sujets qui fâchent. « Ils me montrent parfois des photos de leurs soirées festives avec de l’alcool. A ce moment-là, en tant qu’éducatrice, je ne vais pas interdire ou juger mais m’assurer qu’ils sont conscients des risques. Quand on me parle de « nudes », 
j’explique comment protéger son anonymat. »


Pour les parents aussi

Selma fait partie des Promeneurs du Net depuis 2022. Formée à ce dispositif né en Suède, elle se rend disponible la journée mais surtout le soir, et même pendant les vacances scolaires, pour discuter avec les jeunes sur les réseaux sociaux au moment où ils ont leur smartphone en main… « Je le faisais même avant de rejoindre le dispositif, je considère qu’être à l’écoute des ados fait partie de mon travail. » Elle relâche juste le week-end !

Dans la Vienne, trente-cinq structures, surtout des centres socioculturels, ont intégré ce dispositif financé par la Caisse d’allocations familiales. Forte de ce succès, la Caf vient de décliner le concept dans sa version « Parents ». L’objectif ? 
Aider les familles à mieux comprendre et à cadrer davantage les usages de leurs enfants en matière de réseaux sociaux et de jeux vidéo. En privilégiant l’anonymat quand il le faut car les parents ont toujours peur d’être jugés sur leurs pratiques. Les premiers Promeneurs du Net « Parents » 
devraient arriver dans les maisons de quartier d’ici la fin de l’année. Et ils sont attendus : 
selon le dernier rapport de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open), plus de la moitié des parents se sentent sans soutien face aux défis numériques.