Chaque année, dans la Vienne, une soixantaine de personnes, mineurs et seniors en tête, font l’objet de recherches dans le cadre d’une disparition inquiétante. Au-delà de l’affaire Agathe Hilairet, retrouvée morte à Vivonne, la plupart des enquêtes aboutissent.
Ils apparaissent de temps à autre sur les réseaux sociaux. Qu’ils émanent de la police nationale ou de la gendarmerie, les « signalements pour disparition inquiétante »(1) de personnes renferment les mêmes éléments : identité, âge, description physique, lieu et heure de la disparition, et évidemment contacts des autorités compétentes. « La diffusion sur les réseaux sociaux s’effectue en accord avec la famille et le parquet », précise d’emblée Alice David, à la tête du service interdépartemental de police judiciaire. En général, émotion oblige, des milliers d’internautes partagent le
« post ». Souvent un accélérateur pour l’enquête avec des témoignages crédibles, comme ce fut le cas lors de la disparition signalée du jeune Lyam, en avril dernier à Buxerolles, sur fond de conflit familial.
Une jeune fille sauvée
Mais les réseaux sociaux,
« s’ils peuvent être une aide précieuse », ne remplacent pas le travail des enquêteurs, essentiel dans les premières heures. « Tout commence d’abord par le signalement d’une personne, inquiète de ne pas voir un proche rentrer le soir ou donner signe de vie, poursuit Alice David. Ce qui retient notre attention, c’est l’âge de la personne, si elle bénéficie d’une protection, si elle est malade... On peut alors entendre les premiers témoins éventuels, faire appel aux équipages qui vont patrouiller. En cas de risque suicidaire, puisqu’il s’agit de la sauvegarde d’une vie humaine, on peut géolocaliser un téléphone, avant même l’accord du parquet. » En février 2025, les policiers poitevins ont ainsi sauvé une jeune fille inanimée en forêt. Elle avait fugué de son foyer et était suivie en psychiatrie.
Enquêtes au long cours
En 2024, trente personnes ont fait l’objet d’un signalement pour disparition inquiétante en zone police, 11 à fin mai 2025.
« Essentiellement des mineurs et des personnes âgées, désorientées, échappées de l’hôpital... », ajoute la directrice du service interdépartemental de police judiciaire. En zone gendarmerie, les disparitions inquiétantes ont concerné
12 personnes -sans compter les recherches de mineurs et majeurs- entre le 1er janvier et le
30 juin 2025. Dont Agathe Hilairet, la joggeuse retrouvée morte dimanche 4 mai au sud de Vivonne(2), après que sa disparition a été signalée le 10 avril. « Là, on est sur une affaire hors norme avec de gros moyens engagés tout de suite », étaie le lieutenant-colonel Joël Barré, du groupement de gendarmerie de la Vienne. Drone, hélicoptère, chien renifleur, plongeurs, transmission du signalement aux brigades de police et gendarmerie des départements limitrophes... Les modalités de recherche varient évidemment d’une enquête à l’autre.
Si la plupart des procédures aboutissent, certaines restent
« ouvertes » plusieurs mois après. Comme celle sur cette nonagénaire de Leugny, partie de chez elle le 10 avril 2025, dont seuls la canne et le parapluie ont été repérés, en bord de Creuse.
(1)La disparition inquiétante est régie par l’article 74-1 du code de procédure pénale.
(2)Selon les derniers éléments rapportés par nos confrères du Parisien et de France Info, son corps aurait été déplacé. L’autopsie n’a permis de déceler ni coup de couteau, ni strangulation, ni violences sexuelles.