Jamais ô grand jamais, il n’a dépassé les 80 bornes sur un trail. Alors, plus du double, avec deux nuits à « survivre » à l’enfer de la Diagonale des Fous, imaginez ! Germain Lugier a débarqué à La Réunion samedi dernier, histoire de s’acclimater « à la chaleur » avant le grand départ prévu jeudi, à 22h, du sud de l’île. Direction... l’inconnu. Il le sait, « ce sera très dur, exigeant, parfois douloureux ». Il a déjà prévenu ses proches restés en métropole qu’ils seraient susceptibles de recevoir un coup de fil de sa part pour un coup de boost. A 41 ans, l’ex-footballeur professionnel, passé par Chauray, Poitiers, Aurillac, Cherbourg, Niort, Gap et Valence, a tenté sa chance quatre fois, avant d’être enfin tiré au sort. Il n’imagine même pas ne pas aller au bout. « C’est un vrai défi, mais je suis un compétiteur, alors je me suis préparé en conséquence. »
Depuis le printemps, le père de famille enchaîne les grosses semaines -jusqu’à 250km-, avec course et vélo au menu. L’Ironman 70.3 de Tours (5h50), le 1er juin, et le Trail des Allobroges, une semaine plus tard (59km, 4 000m de D+, 12h10) lui ont permis de s’étalonner. Reste à appréhender la distance et « les conditions très changeantes. La nuit, il peut faire très froid en montagne », assure-t-il. Sans compter les autres aléas de la course, comme « une gêne musculaire, un coup de fatigue, une déshydratation, une mauvaise alimentation... » Bref, Germain ne se fixe pas d’objectif chronométré, franchir la ligne dans les délais serait déjà un bel accomplissement.
Au-delà de ses deux fils (14 et 9 ans), l’assistant d’éducation au collège Jean-Rostand pourra compter sur le soutien de deux de ses amis sur place : Julien Ricaud, un ancien footballeur avec lequel il s’est lié d’amitié lorsqu’ils évoluaient tous les deux à Niort et compère de course à pied, et Stéphanie Krifa. « Je courrai pour elle et les autres ! », plaisante le président de l’association 1 cœur pour 2. Les autres, ce sont tous ceux et celles qui, comme Stéphanie, sont atteints d’une cardiomyopathie hypertrophique, une maladie cardiaque rare, et ont besoin de soutien. « Mon but, c’est vraiment de lui faire vivre la course le plus intensément possible ». L’association a un slogan assez évocateur : « Du sport naît la force, du partage naît l’espoir ».
Et dans le trail, le partage et la solidarité constituent des valeurs essentielles. « C’est un sport de dépassement, en pleine nature, j’adore ! », reconnaît le fan de « l’icône Killian Jornet », Mathieu Blanchard -vainqueur en 2024-, Courtney Dauwalter ou Alexandre Boucheix alias Casquette Verte. L’ultra-traileur sera sur la ligne de départ du Grand Raid de la Réunion, aux côtés de 2 821 autres passionnés. Dont Emilie et Mickaël Joyeux, membres du CA Pictave basé à... Neuville. Le monde est petit.
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