La Vienne tisse sa toile

À l'image du court-métrage « L'Accordeur », tout juste distingué aux Césars, la Vienne a accueilli plusieurs dizaines de tournages au cours des cinq dernières années. Le Département et la Région apportent un important soutien financier à ces productions. Mais pour quelles retombées économiques ?

Florie Doublet

Le7.info

L’info ne vous aura pas échappé. Le 24 février dernier, « L’Accordeur » a reçu le César du meilleur court-métrage. À la grande fierté du Département et de la Région. Les deux collectivités ont contribué à financer le film -tourné à Poitiers et Gençay- à hauteur de 15 000€ chacune. Si « L'Accordeur » a tutoyé les étoiles, d’autres œuvres ont, par le passé, contribué à mettre en valeur la Vienne. Comme « Un long dimanche de fiançailles » (2003), réalisé en partie à Montmorillon. Le long-métrage de Jean-Pierre Jeunet avait pour cadre le terrain militaire de la commune, propice à la reconstitution de tranchées. 
Pour quelles retombées ? « En termes d’emplois, elles furent énormes, se souvient Pascal Pérennes. « Oh là là, le nombre de figurants ! On faisait des castings de Poilus par paquets de trente. C'est resté dans les mémoires poitevines », ajoute le directeur de Poitou-Charentes cinéma. Ce gros succès au box-office (4,451 millions d’entrées) n'a pourtant pas drainé une foule de touristes dans le Sud-Vienne. Et pour cause, le site classé Natura 2000 est « fermé au public », dixit l’Office de tourisme de Montmorillon.

1,5M€ de retombées

Entre 2008 et 2011, la Vienne a servi de décor à quarante-cinq films, dont « Thelma, Louise et Chantal » (2009) ou encore « Derrière les murs » (2010). Autant de créations soutenues par le Conseil général à hauteur de 300 000€. Maurice Ramblière justifie l’investissement. « Entre la création d'emplois, les dépenses en restauration, l’hébergement, les transports et les moyens techniques engagés par les sociétés de production, on estime le retour sur investissement à 1,5 M€ », détaille le vice-président du Département en charge de la Culture.
L’accueil de tournages constituerait donc une activité économique rentable… que Poitou-Charentes cinéma s’efforce de développer au travers d’une « filière image ». « Il faut prouver aux sociétés de production que, chez nous, il y a des gens compétents dans tous les domaines : image, son, déco, régie, habillage, maquillage, coiffure… On n'arrive pas dans un pays du tiers-monde, où il faut tout importer de Paris », avance Pascal Pérennes. Lequel dispose de moyens financiers propices à attirer les réalisateurs. Sous certaines conditions.
Le contrat est simple : lorsqu'un long-métrage reçoit 150 000 € de subventions, l'équipe s'engage à en dépenser 600 000. « Si, en fin de tournage, cette somme n'est pas atteinte, le financement est révisé à la baisse », précise le directeur de l’antenne de la Région. Chaque année, on estime à 14 000 le nombre d’emplois captés par la création cinématographique. « Le Poitou-Charentes est considéré comme l'une des plus importantes terres de tournage de l'Hexagone. » Peut-être la région aura-elle un jour son étoile sur Hollywood Boulevard…

 

Quel impact sur le tourisme ?

Lorsqu'un film est tourné sur le territoire et qu'il rencontre le succès, il « participe à son prestige et à sa valorisation », affirme Maurice Ramblière. Mais chiffrer son impact touristique relève  de « l’impossible ». « Sur les 250 000 spectateurs de « Thelma, Louise et Chantal », il me paraît évident que certains se sont dit « Tiens, pourquoi pas la Vienne comme destination de vacances ?» Mais on ne peut pas savoir combien exactement ».

 

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