Ces adultes qui se font baptiser

Sur le seul week-end de Pâques, en France, 3790 adultes se sont fait baptiser. Ils étaient un tiers de moins il y a dix ans. Dans le diocèse de Poitiers, la recrudescence est confirmée.

Florie Doublet

Le7.info

 « Mon père ne souhaitait pas me faire baptiser. Je suis croyante et je l’ai toujours vécu comme un regret… » L’année prochaine, Rénata comblera ce « besoin ». Comme elle, de nombreux adultes décident d’entrer, de manière tardive, dans la communauté chrétienne. Cette année, à Pâques, 3790 personnes se sont fait baptiser. Un chiffre en hausse de 30% depuis dix ans. Dans le diocèse de Poitiers, douze hommes et onze femmes ont reçu ce saint-sacrement. « Les raisons sont intimes et appartiennent à chaque personne, explique Agnès Manesse, responsable du catéchuménat des adultes. Certains ont vécu une expérience spirituelle très forte. D’autres veulent donner un sens à leur vie. Ils se demandent ce qu’il y a après la mort, pourquoi ils sont sur Terre… »

Un long parcours

Des événements marquants peuvent également influencer cette décision. Décès d’un proche, naissance d’un enfant, rencontre de l’être aimé sont autant de facteurs déclencheurs. « A la disparition de mon père, ma famille a volé en éclat. Je n’ai pas compris et j’en ai beaucoup souffert, raconte Marina, maman de 43 ans. J’ai commencé à me poser beaucoup de questions. Et j’ai fini par rencontrer Dieu. Pour moi, ce fut comme une évidence. J’ai multiplié les retraites spirituelles et, lors, d’une prière, j’ai entendu en mon for intérieur une voix qui me disait « suis-moi ». C’était Jésus. Il fallait que je me fasse baptiser. »

Ses parents, athées, ne lui avaient pas offert d’éducation religieuse. Sa mère s’est d’ailleurs étonnée de ce choix. Pour Marina, hors de question de faire machine arrière. « J’ai passé l’âge de demander l’avis à qui que ce soit, affirme-t- elle. Je n’avais qu’une hâte, c’était d’être enfin en accord avec ma foi. » La Poitevine a dû s’armer de patience, car le processus est long. « Ce n’est pas une démarche banale, explique Agnès Manesse. Le catéchumène reçoit un enseignement. Il doit participer à une série de rencontres. Ces moments sont l’occasion de se confronter aux valeurs de l’Evangile et de faire le point sur ses motivations. »

Des incompatibilités

Tout le monde ne peut donc pas accéder au baptême. Certains comportements s’avèrent même incompatibles avec la foi chrétienne. Le racisme, par exemple, n’est pas toléré. Les hommes ou les femmes qui multiplient les conquêtes d’un soir doivent, eux, « revenir sur le chemin tracé par le Christ ». « Quand on mène une vie désordonnée, on s’abîme, on ne se respecte pas. C’est incompatible avec ce que le Seigneur attend de nous. N’oublions pas que Dieu nous a créés à son image… », avance Agnès. Et l’homosexualité ? Le sujet reste délicat. En théorie, cette orientation est reprouvée. En pratique, il y a des exceptions. « Dieu est miséricordieux. C’est à l’Evêque de décider. »

Chez les prostestants, la consigne est plus souple. « Nous n’excluons personne. Ce n’est pas la sexualité qui guide notre foi », estime Jean-Luc Gadreau. Le pasteur poitevin a vu, lui aussi, le nombre de demandes de baptême d’adultes augmenter ces dernières années. « On dit que la religion est l’opium du peuple. Je pense qu’on vit dans un monde d’inquiétude. Notre société est violente. La foi peut répondre à certaines de ces questions et préoccupations. »

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