Poitiers a des mètres carrés à revendre

Au cours des prochaines années, le centre-ville de Poitiers devra faire face à une vacance sans précédent de biens anciens : la Maison diocésaine, la Banque de France, le palais de justice, peut-être le collège Henri-IV… Une opportunité ou un affaiblissement ?

Arnault Varanne

Le7.info

Le « hasard » du calendrier a précipité sous les feux médiatiques deux monuments de Poitiers : la Banque de France et ses quatre cent cinquante agents, le collège Henri-IV et ses huit cents élèves. Deux institutions du plateau vouées à changer d’affectation, en tout cas jusqu’à des annonces contraires.

S’agissant de l’établissement bancaire, rues Henri-Oudin et des Carmélites (10 000 m2), le transfert vers la ZAC des Montgorges est acté pour juillet 2017. Ce transfert interroge sur le Plateau, notamment parce que les agents de la Banque de France sont des consommateurs du quotidien. Mais la vraie question est de savoir ce que va devenir l’immense paquebot laissé en héritage.

Dans la coulisse, certains élus plaident en faveur de nouveaux logements de grand standing, dont « le centre-ville manque », selon eux. « Il y a une demande, mais qui n’est pas immense, estime de son côté Gilles Thinon, dirigeant de l’agence immobilière Century 21. Seule une poignée de clients peut se permettre de mettre 350 000 à 400 000€ dans un appartement. » L’expert pointe, en revanche, un besoin de « T2-T3 de 80m2, des produits recherchés ». Et d’ajouter un autre élément de réflexion parmi sa clientèle : la perte du statut de capitale régionale.

« Des coûts beaucoup plus élevés… »

On s’éloigne un peu du sujet, car c’est bien du devenir du patrimoine ancien qu’il s’agit. Et l’un des noeuds gordiens « siège » rue Louis-Renard. Le collège Henri- IV -huit cents élèves- a soufflé ses quatre cents bougies en 2008, mais rien ne dit qu’il soit reparti sur un cycle aussi long. Officiellement, le Conseil départemental a choisi de construire un nouvel établissement, plutôt que de se lancer dans de coûteux travaux de rénovation. « Un temps, on m’avait parlé d’un montant trois fois supérieur à du neuf (entre 22 et 25M€, Ndlr) », se souvient Hélène Boyer-Julien, principale à Henri- IV pendant onze ans.

Libéré de ses chaînes éducatives, ce haut lieu du patrimoine poitevin peut-il changer d’affectation ? « Les bâtiments anciens révèlent toujours leur lot de surprises », estime Sébastien Pétrier, directeur général adjoint du groupe Pierreval. Par conséquent, les coûts de construction sont beaucoup plus élevés que sur un programme neuf. Je ne pense pas qu’il y ait un marché à Poitiers… » Ce qui vaut pour Henri-IV ne vaut pas pour la Maison de la Trinité, ses 9 000 m2 de bâtiments et 1,3 hectare de terrain. « Dès l’annonce de la mise en vente, nous avons reçu des appels de promoteurs », indique Christian Genre, délégué épiscopal à l’information du diocèse de Poitiers. Le dossier devrait connaître un coup d’accélérateur dès la rentrée. Pour se reloger, le diocèse a besoin de 1800 m2.

A ceux qui en douteraient, la transformation réussie des Archives départementales ou la mue en cours du Printemps prouvent qu’aucun bien « ancien » n’est immuable.
 

Et le futur ex-palais de justice ?

On l’aurait presque oublié, mais le palais de justice devra, lui aussi, se trouver une autre vocation à partir de 2018, date de l’émergence de la Cité judiciaire. Selon nos informations, le député- maire de Poitiers devrait annoncer dans quelques semaines le nom de la « personnalité de dimension nationale et incontestée dans le domaine culturel », chargée de mener la réflexion autour de l’avenir du Palais des Comtes de Poitou-Ducs d’Aquitaine. C’était l’une de ses promesses de campagne… La transformation tant contestée de l’ancien théâtre en lieu mixte fait également partie des chantiers d’ampleur pour l’exécutif.

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