Qui veut se marier avec Grand Poitiers ?

La préfète de la Vienne présentera, lundi prochain, son schéma idéal des nouvelles intercommunalités. Sur le terrain, les élus craignent déjà des rapprochements contre-nature.

Arnault Varanne

Le7.info

Il y a un an, déjà (n°234), nous écrivions que la réforme de l’intercommunalité sentait le soufre. Contrairement à la fusion des régions, ce grand chambardement annoncé touche les élus de proximité au coeur. Lundi prochain, la préfète de la Vienne et de Poitou-Charentes dévoilera le Schéma départemental de coopération intercommunale qu’elle souhaite à partir du 1er janvier 2017.

Et il y a fort à parier qu’il ne contiendra qu’entre six et huit Etablissements publics de coopération intercommunale (EPCI), contre dix-neuf aujourd’hui, dont deux communautés d’agglomérations. La loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) a fixé à 15 000 habitants le seuil minimal de ces collectivités à la trajectoire ascensionnelle. Ce qui signifie, dans la Vienne, que dix des dix-sept communautés de communes sont directement « menacées » par le redécoupage : Mirebelais, Lencloîtrais, Vals de Gartempe et Creuse, Pays mélusin, Chauvinois, Lussacois, Pays gencéen, région de Couhé, Pays civraisien et charlois, Vienne et Moulière.

Etonnamment, les plus grandes craintes proviennent pourtant du… Val Vert du Clain (17390 habitants), qui redoute de perdre son indépendance en étant intégrée à Grand Poitiers. Son président Francis Girault (DVD) le répète sur tous les tons depuis plusieurs mois, il ne veut pas de cette « fusion-absorption ». Pétition, réunions d’informations, lancement d’un blog, études circonstanciées sur le bassin de vie et la pertinence du Val Vert du Clain… Les élus de Jaunay-Clan, Beaumont, Saint-Cyr, Dissay, Saint-Georges-les-Baillargeaux et Marigny-Brizay multiplient les actions pour se faire entendre auprès de la préfète. Pas sûr que leurs arguments suffisent à faire changer d’opinion les services préfectoraux, qui auraient déjà scellé le sort de la communauté de communes.

« Pas d’intérêt à avoir un Poitiers faible »

C’est que Grand Poitiers entend grandir pour peser davantage dans la future grande Aquitaine. D’où un rapprochement éventuel avec le Val Vert du Clain, Vienne et Moulière, voire le Pays Mélusin et le Chauvinois. Dans l’entourage du député-maire de Poitiers, on ne fait pas du cap des 200 000 habitants (142 000 aujourd’hui, Ndlr) un totem. Maintenant, comme le reconnaît le président des maires de la Vienne Yves Bouloux (LR), « la Vienne n’a aucun intérêt à avoir un Poitiers faible face à Bordeaux ». « Mais le critère de population est moins essentiel depuis que le législateur a choisi d’assouplir les conditions du passage en communauté urbaine », précise-t-il.

Sur le sujet, Alain Claeys se montre peu disert, attendant que Christiane Barret dévoile ses propositions. En périphérie, les interrogations sont plus explicites sur les compétences, la fiscalité, les transports, la cohérence territoriale des nouveaux ensembles. Le maire d’Avanton Jean-Luc Couillault plaide ainsi en faveur d’une « alliance de la seconde couronne entre le Vouglaisien, le Neuvillois et le Val Vert du Clain ».

D’autres avancent l’idée de détacher les communes de leurs actuelles communautés de rattachement. Mais la préfète n’y serait pas favorable. Quoi qu’il en soit, les futurs opposants au Schéma départemental de coopération intercommunale auront deux mois pour réunir les deux tiers des voix -quarante-deux votants- nécessaires à l’amendement ou au rejet du projet de l’Etat. Attention, sujet très brûlant…

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