Et si on reparlait de l'Escem ?

Le bout du tunnel semble enfin proche pour l’Escem, qui vient d’être rachetée par le groupe Sup de Co La Rochelle et le Réseau GES. Après le fiasco FBS et de longs mois de doute pour ses étudiants en cours de formation, l’Escem se tourne aujourd’hui vers l’avenir. Ses repreneurs se montrent ambitieux. Mais prudents.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Escem, suite et fin. L’histoire récente de l’école de commerce de Poitiers pourrait s’apparenter à une pièce de théâtre, tant les rebondissements ont été nombreux : du fiasco à la renaissance, en passant par le désespoir et le doute. Le dernier acte semble toutefois toucher à sa fin. Le 1er février, le groupe Sup de Co La Rochelle et le Réseau GES ont annoncé officiellement le rachat de l’Escem, dans un communiqué qui affiche clairement les ambitions des deux structures pour l’avenir des campus d’Orléans, de Tours et Poitiers : « La reprise de l’Escem sera créatrice de valeur ajoutée pour chacune des institutions, ainsi que pour les étudiants, les entreprises partenaires et l’ensemble des parties prenantes ».

Concrètement, l’arrivée des repreneurs va se traduire par la création d’une nouvelle offre de formation sur les trois campus. « Sup de Co va apporter de nouveaux cursus dans le domaine du tourisme et le Réseau GES dans celui du numérique, explique Olivier Maillard, directeur des programmes du groupe Sup de Co La Rochelle. Notre objectif est de valoriser les territoires, en apportant une offre qui réponde aux besoins locaux. » Les loisirs et divertissements à Poitiers, les vins et le patrimoine à Tours, l’éco-tourisme à Orléans... Pour mettre en oeuvre toutes leurs idées, les nouveaux dirigeants vont « reconstituer un corps professoral et remettre en place une politique de recherche ». « L’Escem a toutes les qualités pour relever la tête, à nous de développer une stratégie multi-campus pour créer des synergies. »

Une attractivité à retrouver

Yves Louzé, directeur de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne, en est convaincu, « l’école demeure attractive ». « Preuve en est l’affluence sur le stand de l’école aux salons étudiants » , éclaire-t-il. La marque « Escem », écornée ces dernières années mais « très connue, sera conservée », comme le confirme Olivier Maillard.

Le chemin sera toutefois long avant qu’elle retrouve ses lettres de noblesse. Selon David Cottereau, vice-président de l’école, il faudra pour cela « faire de la proximité une priorité, en associant l’école aux entreprises du territoire ». Et, surtout, attirer de nouveaux étudiants. Le retour à un effectif de deux mille jeunes en formation sur les trois campus est l’un des objectifs primordiaux. « L’ajout de nouveaux produits à Bac +3 et Bac +5 va nous permettre de toucher un public plus large, reprend Olivier Maillard. Mais il ne faut pas s’attendre à atteindre ce palier dès septembre. Le vrai démarrage se fera à la rentrée 2017. »

Quant au grade de master, perdu au lendemain du fiasco FBS, la nouvelle direction ne se fait pas d’illusion. « Perdre ce grade peut se faire très rapidement, le récupérer prend de longues années. Nous devrons attendre au moins trois à cinq ans. » Finalement, peut-être qu’une partie de la pièce de théâtre reste à écrire.

 

« On n’était au courant de rien »
Sylvain Lemoine a 21 ans et est actuellement en deuxième année de bachelor sur le campus poitevin de l’Escem. Comme beaucoup de ses camarades, le jeune homme dénonce un manque total d’informations pendant la période de crise traversée par l’école de commerce. « Nous étions très peu informés de ce qui se passait. La plupart de nos professeurs ne savaient pas non plus et nous avons appris le rachat de l’école dans la presse. Je trouve ça incroyable, dans une école pour laquelle chaque étudiant paie en moyenne 7 000€ par an. Ces derniers mois, après le plan social, certains cours ne nous ont pas été donnés. Nous avons, par exemple, couvert le programme de finances en deux semaines, alors qu’il était prévu sur plusieurs mois. Je comprends que l’école ait traversé une passe difficile, mais ce n’est pas normal qu’elle se moque à ce point des étudiants qui continuent de la financer. Je ne m’inquiète toutefois pas trop pour mon avenir, car l’Escem reste bien classée sur le plan national pour ses bachelors. Mais quoi qu’il arrive, je ne poursuivrai pas mes études sur le campus de Poitiers, même si les repreneurs amènent de nouvelles offres à Bac+5. Pas après ce que nous avons vécu ces derniers mois. »

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