
Aujourd'hui
C’est un fait, le futur angoisse des milliards de personnes sur cette planète. Parce que l’avenir charrie son lot d’incertitudes, il agit comme un puissant paralysant. A l’opposé de cette théorie, certains estiment que « l’ignorance est une source de joie et de création intenses ». Sébastien Papot appartient à cette seconde catégorie. Dès l’enfance, le chercheur s’est mis en quête d’une espèce de vérité après laquelle il court toujours. C’est « son moteur », sa « raison de se lever le matin ». Trente ans après ses premiers pas à l’IUT de Chimie de Niort, cet enthousiasme ne l’a pas quitté. « La recherche, c’est 90% d’échec et 10% de réussite. Quel bonheur quand on y arrive ! Et puis, comme disait Nietzsche, la valeur d'une chose réside parfois, non dans ce qu'on gagne en l'obtenant, mais dans ce qu'on paye pour l'acquérir, dans ce qu'elle coûte. »
Son débit de paroles atteint des sommets à l’heure d’évoquer ses travaux sur le ciblage d’agents anticancéreux. L’ancien lauréat du Prix Pierre Fabre de l’innovation thérapeutique en est persuadé, après dix ans d’efforts, « son » labo tient enfin une molécule prometteuse dans la lutte contre plusieurs formes de cancers. Hélas, la première phase d’essais sur l’homme coûte 550 000€. Une petite fortune dont l’Institut de chimie des milieux et matériaux de l’université de Poitiers ne dispose pas. « Les étudiants de Licence ont créé une association et lancé une campagne de financement participatif (*). C’est top ! En parallèle, une entreprise a acquis la licence du brevet. » Il évoque déjà un «business plan» susceptible d’alimenter la recherche fondamentale. Et l’université. Dans dix, quinze ans. Ou avant.
« Quand ça s’arrêtera… »
A 46 ans, ce fils d’employée de la Camif et de banquier regarde devant avec un optimisme presque béat. « Quand ça s’arrêtera, j’aurai envie de continuer ! » Il considère son quotidien comme une aventure sans cesse renouvelée. « Comme un matin de Noël au pied du sapin, quand j’étais petit… » Longtemps, le gosse qu’il a été s’est contenté d’une vie à deux, sans filiation. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’ancien rugbyman de bon niveau reconnaît qu’il lui a « fallu du temps pour s’intéresser à lui-même ». Pour recréer une autre image de la famille, Gaspard (3 ans) et sa petite sœur de quatre mois ont donc fait irruption « assez tard » dans la galaxie Papot. A la quarantaine rugissante.
« Moi qui suis fils de parents divorcés, il a fallu que je me sente capable de les aimer pour ce qu’ils étaient, pas pour y mettre quelque chose de moi. Cette quête-la est merveilleuse. » Dans une société presque sous « Prozac », son enthousiasme inextinguible et sa curiosité sur la vie sont autant de sources d’inspiration. Notamment pour ses disciples. « Si, sur cent étudiants en face de moi, dix deviennent optimistes, alors j’aurai gagné ! Quand on sera tous optimistes, on créera une société différente. » Ce fan de Nietzche, Gide, Camus ou Kundera veut « aller au bout de ses rêves ». Avec ses petits défauts : l’impatience, la précipitation, la détestation de l’échec ou… les coups de téléphone au volant. Avec le temps, il tente de se corriger. Mais il a surtout acquis la conviction que « la vérité » se trouvait au bout d’un long chemin parsemé d’embûches. En « homme libre », Sébastien Papot se fait même lyrique. « Il y a parfois des moments de fulgurance où on est en lien avec la vibration de l’univers tout entier. » Habité le chercheur poitevin ? Non, simplement heureux d’être là auprès de ses «formidables collaborateurs» et d’une famille aimante. Dans le Mythe de Sisyphe, Albert Camus écrivait ceci : « Créer, c’est aussi donner une forme à son destin… »
(*) therapeutic-impact.org
Interview de Sébastien Papot, lauréat 2014 du prix Pierre Fabre, dans @7apoitiers https://t.co/JOsslMTUph #IC2MP @UnivPoitiers @DR08_CNRS
— SPVR_Poitiers (@SPVR_Poitiers) March 17, 2016
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