Droite-gauche, même combat

A un an de la présidentielle, l’ancien Premier ministre juge le mandat de François Hollande « fortement compromis ». S’il reconnaît au Président de la République sa bonne gestion de la crise post-attentats, Jean-Pierre Raffarin lui attribue un carton rouge sur le front de l’emploi.

Arnault Varanne

Le7.info

A la fin de l’année 2015, il avait proposé à Manuel Valls un « pacte républicain pour l’emploi ». Autrement dit une sorte de concorde pour voter des mesures consensuelles et efficaces contre le chômage. Sa main tendue a fait long feu. « Parce que la décision a été prise plus haut… », se désole Jean-Pierre Raffarin. L’ancien locataire de Matignon sait pourtant que tous les pouvoirs se concentrent à l’Elysée. Dont celui de l’inaction. « La fin du mandat de François Hollande va être très difficile, estime « JPR ». On voit bien le clivage majeur de la gauche sur la politique économique. »

Et pourtant, sur la loi Travail, le sénateur de la Vienne aurait volontiers voté sa première version. « Sur ce texte, la lecture de Macron me convient davantage… », glisse-t-il avec un peu de malice. D’autant que la séquence « emploi » intervient juste après l’abandon en rase campagne de l’inscription, dans la Constitution, du principe de déchéance de la nationalité. « Il n’était pas raisonnable de donner le sentiment qu’il fallait réformer la Constitution pour lutter contre le terrorisme, analyse-t-il. Le Président de la République aurait tout de suite dû mettre son discours de Versailles au suffrage. Il est rentré dans les négociations politiques, des complexités partisanes qu’il n’a pas su maîtriser. »

La légitimité des urnes

Au-delà, Raffarin n’accable pas le gouvernement sur la gestion des attentats et le maintien de l’ordre. « La loi Renseignement a donné à nos services les moyens techniques et humains dont ils avaient besoin. Sur ce plan-là, le gouvernement a fait ce qu’il fallait. » La question est de savoir si la France est un pays réformable, capable de s’unir en dehors des périodes de deuil national ? « Je le crois, abonde l’élu, à condition que l’essentiel des réformes se mettent en route dans les six mois suivant l’élection présidentielle. Dans cette période, le Président a la légitimité des urnes ! »

Sans jouer les Cassandre, Jean-Pierre Raffarin met en garde ses concitoyens contre la tentation de renverser la table. « Il faut rapprocher les citoyens de la politique. Le politique, c’est la réponse à la violence. La désorganisation conduit au désordre. Si vous avez du désordre, vous avez de la violence. L’Etat islamique ne cherche qu’à profiter de nos divisions. » Maintenant, si la gauche se présentera en lambeaux à la Présidentielle, la droite ne renvoie pas une image d’unité absolue. Un euphémisme. Les centristes de l’UDI ont annoncé ne pas vouloir participer à la primaire de novembre. Et à partir en ordre dispersé… « Je connais suffisamment la diversité fertile du centre pour penser qu’un candidat se lèvera à un moment où un autre ! », rassure l’ancien jeune Giscardien. Dans ces batailles politiques sous-jacentes, les atermoiements des partis traditionnels pourraient profiter à Marine Le Pen.  

Il l’a dit…

Alain Juppé

« Quand on me demande s’il a changé… On ne change pas de personnalité, de structure. Mais il a cette expérience nouvelle d’avoir transformé Bordeaux, fait des choses. Il est assez branché sur la société. »

« Le citoyen pense à aujourd’hui. Les politiques doivent répondre à la situation dans un, deux, trois ans. Dans cette situation de gravité, la meilleure réponse, c’est Juppé. »


La présidence du Sénat
« Je me le serais toujours reproché si je ne l’avais pas fait (être candidat). Maintenant, je suis très heureux à la Commission des Affaires étrangères et de la Défense. D’un certain point de vue, c’est mieux que la présidence du Sénat. Cela n’a jamais été quelque chose de sentimental, de tragique. J’ai tourné la page. »

La Syrie et le régime Al-Assad
« Il faut travailler avec l’Etat syrien, c’est évident. D’autant plus que les Russes ont créé une nouvelle donne depuis le retrait américain. A moyen terme, notre vision, c’est bien évidemment une Syrie sans Bachar. »

« Le terrorisme se développe sur la destruction des Etats. Nous ne pouvons pas être complices. On a vu ce qui s’était passé en Libye. »


Une agence de renseignements européenne ?
« Il s’agit d’un vrai sujet de souveraineté. Vous devez vraiment être sûr de vos partenaires pour partager des informations. C’est difficile à mettre en œuvre. Nous devons plutôt être dans des relations bilatérales que multilatérales… »

La France et les ventes d’armes
« Sujet difficile… Il arrive qu’on vende des armes et qu’elles se retournent contre nous. Maintenant, la force économique française réside aujourd’hui dans ses industries de défense. »

 

 

 

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