Les classements de la complexité

Chaque année, les palmarès des meilleurs lycées, écoles d’ingénieurs et de commerce sont publiés dans la presse. S’appuyant sur des milliers de données, ils s’articulent autour de critères bien précis. Le « 7 » a choisi de s’intéresser aux méthodologies des éditeurs.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Qu'il est loin le temps où les lycées français étaient classés exclusivement en fonction de leur taux de réussite au baccalauréat. Sur le site du magazine L’Etudiant on découvre ainsi que le premier lycée du palmarès 2016 est... Notre-Dame de la Viste, à Marseille. Dans les vingt premiers, pas de signe des prestigieux établissements parisiens Henri-IV et Louis-le-Grand. « Nos méthodes de classement ont évolué, prévient immédiatement Philippe Mandry, rédacteur en chef à L’Etudiant. Il y a dix ou quinze ans, on ne s’intéressait qu’à la réussite absolue. Depuis, le ministère a décidé de mettre en place de nombreux indicateurs traduisant l’apport spécifique d’un lycée à ses élèves. »

Les palmarès « Lycées » des journaux, qui s’appuient sur des données fournies par le gouvernement, tiennent ainsi compte de la « valeur ajoutée » des établissements, autrement dit de leur capacité à faire progresser les élèves. « Un taux de réussite « attendu » est estimé pour chaque lycée, en fonction de plusieurs paramètres, dont l’origine sociale de ses élèves. La note de valeur ajoutée correspond à la différence entre les taux de réussite réel et attendu. » Dans la Vienne, on note ainsi la bonne place du lycée Jean Moulin, à Montmorillon, mieux noté que Camille-Guérin à Poitiers, alors que leurs taux de réus- site sont identiques (97%). Ce constat est également valable pour les établissements d’enseignement supérieur, à la seule différence que les données ne proviennent pas du ministère.

Des palmarès personnalisables

Pour Anne-Ségolène Abscheidt, directrice de l’Escem et créatrice d’une start-up d’orientation, « il n’y a pas de véritable connexion entre le classement et la réalité ». « C’est biaisé, les écoles répondent elles-mêmes aux questionnaires qui servent ensuite à les évaluer. Pour faire gonfler leur note, certains établissements retirent par exemple les formations les moins « rémunératrices » et ne retiennent que celles où le salaire moyen de leurs diplômés est élevé. » Pour parer à ce genre de pratiques, le magazine L’Etudiant mène dorénavant des enquêtes auprès des anciens élèves. « Nous travaillons pendant plusieurs mois sur la vérification des données transmises par les établissements, reprend Philippe Mandry. On ne mesure désormais plus la qualité d’une école dans son ensemble, mais formation par formation. »

Grâce à ses différentes sources, le magazine est en mesure de dévoiler, sur son site, les palmarès des grandes écoles, personnalisables par l’internaute en fonction de plusieurs critères. On y apprend, par exemple, que l’Ensma est dans le Top 25 des écoles d’ingénieurs en matière d’excellence académique et que les cursus de l’Escem occupent les 11e et 12e rangs des formations postbac en trois ans. Mais sur le seul critère « labels de qualité et suivi des diplômés ». Pour explorer les classements avec vos propres paramètres de recherche, rendez-vous sur letudiant.fr.

 

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