Petit journal d'une confinée pas toujours très fine. Jour 26

Chaque jour ou presque, la rédaction donne carte blanche à une Poitevine confinée parmi les autres. Une quadragénaire en « quarantaine », dont la plume vous accompagne depuis le début de cette étrange parenthèse. Jour 26.

Arnault Varanne

Le7.info

La grande aventure a recommencé : le drive. Et elle m’a occupée l’esprit pendant plusieurs jours. J’ai d’abord passé ma commande et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’a pas été rien. Après plusieurs essais en ligne, j’ai constaté que mon magasin habituel, autre que le bio, sans drive, n’a plus de légumes à offrir. Alors j’ai changé de crèmerie ! Mais la tâche s’est tout de même révélée ardue. Entre les produits affichés disponibles et la réalité sur le terrain, il y a un net écart. Surtout lorsqu’on vous facture les produits absents ! Mais ce n’est pas grave puisque le remboursement est arrivé deux jours plus tard. Je l’avoue honteusement, j’ai quand même râlé à l’arrivée du mail de confirmation de ma commande. Mon plaisir sucré et glacé a été annulé ! Mes papilles en étaient toute retournées.

Cette quête de denrées m’a fait quitter la relative indolence de mon appartement-cocon. Quelle épopée ! Deux aller-retours avec le maximum de précautions remises à zéro à chaque fois, un déchargement de produits et de plusieurs litres d’eau au 2ème étage sans ascenseur, un rapâge et découpage en règle de plusieurs kilos de légumes à mettre au plus vite dans le congélateur. Le but, comme la seule fois précédente : ne pas ressortir de sitôt. Autant te dire, cher Journal que mes bras sont en compote. La sollicitation intense de mes muscles me procure des douleurs pendant plusieurs heures. Mais à présent, j’ai tout. Enfin, de quoi me mettre sous la dent !

Et pour ce genre de sortie, la fatigue est clairement aussi mentale. Il faut en effet penser à tout et anticiper autant que faire se peut. A côté de tout cet aspect prophylactique, l’attestation à écrire, quand l’imprimante ne fonctionne plus, n’est qu’une blague ! Ainsi, le seul vieux masque bien rangé dans un sens avant chaque départ et touché seulement avec des gants est désormais posé sur un foulard en tissu façon « filtre d’aspirateur ». Mais là où tout se complique, c’est lorsqu’arrive l’heure du drive. On vous dit seulement sur place, sinon ce serait trop facile, que votre commande n’est pas prête. Alors là, c’est comme si j’avais dû prendre en un temps record (à cause de la chaleur de mon masque de fortune à présent tout humide et en chute libre) une décision d’ordre géopolitique. Devais-je repartir chez moi à bien plus de kilomètres qu’à l’origine et donc changer tout mon attirail (gants, foulard, chaussures), me relaver avant de réécrire une attestation ou faire la crêpe dans une voiture en plein soleil et attendre une heure qu’on n’avait pas su me donner ?

A cause de l’état de la principale munition sanitaire contre le virus, le pseudo-masque, Bibi a décidé de rebrousser chemin… Pour qu’une fois à sa table de travail, je te le donne en mille, cher Journal, elle reçoive un mail comme quoi sa commande était enfin prête. Où sont passées mes heures innocentes et tranquilles qui s’annonçaient avant le début du week-end ?  


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