Disparition de Tiphaine Véron : la famille cherche toujours des réponses

Presque deux ans après la disparition de Tiphaine Véron, sa famille cherche toujours des réponses. Elle s’est attaché les services du cabinet de l’avocat pénaliste médiatique Eric Dupond-Moretti.

Claire Brugier

Le7.info

Entre les mains de Damien Véron, le dossier est épais. Epais mais malheureusement toujours aussi opaque. La disparition de Tiphaine, le 29 juillet 2018 à Nikko, au Japon, reste toujours douloureusement mystérieuse. Depuis maintenant presque deux ans, son frère et sa sœur Sybille, avec le soutien de leurs proches, remuent ciel et terre, au propre comme au figuré, pour comprendre ce qui a pu arriver à la jeune Poitevine de 36 ans. Ils se sont rendus à plusieurs reprises au Japon, ils ont exploré la rivière et ses abords avec une équipe de Moutain Medic Events (mai 2019), ils ont passé au crible le secteur proche de l’hôtel avec des chiens de Japon Rescue Dog (août 2019). Ils ont reçu le soutien de  l’ambassadeur de France, Laurent Pic, ils ont interpellé publiquement le Président de la République, réclamé le dossier de l’enquête menée par les autorités japonaise, récupéré par eux-mêmes des informations de téléphonie mobile, de pluviométrie, organisé des marches de mobilisation à Poitiers et Nikko… Mais leurs questions demeurent sans réponse avec, les mois passant, la crainte que l’information judiciaire pour enlèvement et séquestration, ouverte par le Parquet de Poitiers en septembre 2018, rejoigne les affaires non élucidées. Un cold case parmi les autres…

« Ce n’est pas un dossier pénal classique »

« Nous sommes arrivés dans une impasse, déplore Damien Véron, nous devons passer à une autre dimension, pour être entendus. » Aussi ont-ils sollicité le cabinet de Me Eric Dupond-Moretti, avocat pénaliste très médiatique - et ministre de la Justice fraîchement nommé-, et pris contact avec son associé Me Antoine Vey. L’avocat parisien va donc se substituer à sa consœur du Barreau de Poitiers, Me Emmanuelle Bernard, qui a assisté la famille pendant de longs mois. La pugnacité des proches de Tiphaine Véron a convaincu Me Vey. « Ils ont une position rationnelle, ils sont arrivés en présentant des points précis restés sans réponse. C’est un dossier où il faut être très structuré et organisé pour obtenir des renseignements complémentaires. Ce n’est pas un dossier pénal classique. »

A force de se battre, contre des moulins à vent parfois, Damien Véron ne cache pas sa défiance vis-à-vis des investigateurs japonais. « Leur dossier d’enquête, dont la traduction a pris plusieurs mois, est quasiment vide. Il y a plein de zones d’ombre dans les procès verbaux, on a l’impression que rien n’a été fait. » Me Vey est plus nuancé. « Nous n’avons pas le dossier japonais traduit dans son intégralité. Résultat : nous avons l’image d’une puzzle déjà incomplet au Japon. Néanmoins des questions se posent concernant notamment le comportement de la téléphonie (ndlr, le téléphone de Tiphaine était éteint le 29 juillet dans la matinée). Des vérifications n’ont curieusement pas été effectuées. Par exemple, des témoins du jour n’ont pas été entendus… » Pour aller plus loin, Me Vey envisage de solliciter « des enquêteurs privés franco-japonais. Car il y a une limite à faire les choses par soi-même ».

Voyage en septembre ?

Damien et Sybille avaient prévu un nouveau voyage au Japon en avril, la crise du Covi-19 les en a dissuadés… momentanément. Ils envisagent de repartir en septembre « pour essayer de rencontrer des avocats japonais et mener des investigations autour du lac Chuzenji. Dans un premier temps, la police nous a dit qu’il était impossible que Tiphaine ait pu s’y rendre mais, après vérification, il y avait bien des navettes et elle l’avait noté dans son projet de voyage. Il semblerait aussi qu’un faux guide ait agressé des femmes dans le secteur à cette période... »

A défaut de pouvoir aller au Japon, Damien Véron a mis à profit le confinement pour écrire le récit de ces deux années de recherche, entre espoirs et déceptions toujours plus éprouvantes. D’autant que « quand vous écrivez, vous revivez chaque instant », confie-t-il. La rédaction touche à sa fin, reste à trouver un  éditeur.

Une cagnotte de soutien est toujours en ligne sur www.unispourtiphaine.org.

 

 

 

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