Sous la poésie, la vie

La Châtelleraudaise Meriem Terki vient de publier son deuxième recueil de poésie. Dans Sursaut, la jeune femme livre ses pensées et ses mélancolies à travers des mots choisis qu’elle offre en partage.

Claire Brugier

Le7.info

Meriem Terki voulait être journaliste. Peut-être le veut-elle encore, elle ne sait plus très bien. L’étudiante en master de sciences politiques à Paris-Nanterre s’est laissée rattraper par la poésie. Ou plutôt le théâtre car la poésie était en elle depuis longtemps déjà.
« En 5e, je me suis mise à écrire des chansons pour m’amuser, puis elles ont pris la forme de poésies. Plus sérieuses, elles me permettaient de me libérer. » Aujourd’hui encore, les mots sont un exutoire pour la jeune Franco-Algérienne, toujours en quête de réponses.

Grâce à la confiance que lui a témoignée sa professeure de français du lycée Isaac-de-l’Etoile, à Poitiers, Meriem a franchi le pas. « Sans me le dire, elle m’a inscrite à un concours national et elle est revenue toute joyeuse car l’un de mes textes avait gagné. J’ai alors pris conscience qu’ils pouvaient être partagés. » Voire publiés. Ainsi est paru en 2015 un premier recueil, Paroles blessées, compilation de ses années adolescentes, jouée au Nouveau Théâtre de Châtellerault en 2017, puis à Paris en 2018.

« Je laisse faire »

En septembre dernier, L’Harmattan a publié son deuxième opus, Sursaut. A l’instar du précédent, il rassemble les textes que la jeune femme compose au fil de sa vie. « Ce sont cinq ans d’écriture et d’histoire personnelle. Je ne peux pas sélectionner certains poèmes plutôt que d’autres. Ils correspondent tous à des moments qui ont été assez importants pour me donner envie d’écrire. » De la même manière, l’auteure ne retranche rien a posteriori, laissant libre cours à sa spontanéité. « Je laisse faire, je balance le texte et je reviens ensuite très peu sur l’écriture. Je l’ai vécu comme ça alors cela doit être retranscrit tel quel. » Taiseuse de nature, elle a trouvé non pas le moyen de se raconter mais de communiquer avec les autres. « Le but n’est pas que l’on comprenne mes combats -je m’en délivre quand j’écris- mais que ceux qui me lisent se délivrent aussi des leurs. »

L’amour, l’Algérie où ses deux petites sœurs et elle ont passé tous leurs étés, mais aussi la mère-courage, la sienne et sa grand-mère Tassadit disparue en juin dernier, sa double culture, le divorce de ses parents... D’un recueil à l’autre, les mêmes thèmes reviennent. Mais « j’en parle autrement », confie Meriem, toujours attentive au rythme des « phrases qui s’enchaînent », à « la curiosité des mots, leur mystère ». Malgré le contexte compliqué, elle envisage une version théâtrale de Sursaut et prépare déjà un troisième recueil, tout en rédigeant son mémoire de fin d’études et en gérant un petit commerce bio. Bientôt elle devra choisir entre le journalisme et le théâtre, bientôt...

Sursaut, de Meriem Terki, 
Editions L’Harmattan, 92p., 12€.

DR Anne Sarthou

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