Dans la Vienne, le BTP a table ouverte dans les restos

La semaine dernière, quelques restaurants de la Vienne ont pu rouvrir leurs portes, par dérogation préfectorale, uniquement à des salariés du bâtiment. La Fédération française du bâtiment et la Chambre de commerce et d’industrie croient en un arrangement « gagnant-gagnant ».

Steve Henot

Le7.info

Ces dernières semaines, ils ont passé leurs pauses déjeuner dans un véhicule ou dehors. Pas le plus confortable en période hivernale. Alors, quand il a été proposé à ces quatre ouvriers de l’entreprise de maçonnerie Deplobin Pouget d’aller se restaurer un midi au Val de Gartempe, près d’un chantier à Saint-Savin, ils ont évidemment accueilli la nouvelle avec « soulagement »« On commençait à en avoir marre des sandwichs », souffle l’un d’eux, devant le poulet-frites au menu.

A Jouhet, Poitiers, Bonneuil-Matours… Depuis la semaine dernière, des restaurants de la Vienne sont autorisés par la préfecture à accueillir les ouvriers d’entreprises du BTP dans leurs salles. Une initiative portée conjointement par la Fédération française du bâtiment de la Vienne (FFB86) et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), dont dépendent les restaurateurs. « Une vingtaine d’entreprises du bâtiment, soit 500 salariés, se sont montrées intéressées », indique Jérôme Beaujanneau, le président de la FFB86. Son homologue de la CCI a soumis l’idée à 350 restaurateurs du département. « Une quinzaine sont partants », assure Claude Lafond.

« Ce n’est pas une réouverture »

D’abord expérimenté dans la Creuse, ce dispositif est strictement encadré. Les restaurants agréés ne peuvent en effet accueillir que les salariés des entreprises avec lesquelles ils ont signé un contrat. « Ce n’est pas une réouverture, mais une dérogation pour la restauration collective, insiste Philippe Prioux, directeur du commerce à la CCI. C’est un contrat de gré à gré entre deux structures privées. » La FFB86 et la CCI visent un maillage du territoire le plus large possible, avec une trentaine d’établissements d’ici un mois. « Si on arrive à installer ce dispositif, ce sera gagnant-gagnant », veut croire Jérôme Beaujanneau.

C’est aussi un « soulagement » pour les restaurateurs concernés, dont les salles retrouvent un semblant de vie. « Garder l’établissement fermé, ça commençait à miner le moral », confie Nelly Hemono, qui avait ouvert le Bon’œil gourmand, à Bonneuil-Matours, cinq semaines seulement avant le confinement de mars 2020. « Même s’ils ne sont que quatre, ça fait du bien de revoir du monde en salle », admet Evelyne Lebeau, au Val de Gartempe. Depuis le début de la crise sanitaire, l’établissement n’a cessé de s’adapter, en mettant en place de la vente à emporter via Facebook ou des tracts dans les boîtes aux lettres. « On prend toutes les initiatives qui peuvent nous permettre de maintenir l’activité, même si cela représente beaucoup d’efforts », ajoute Richard, son mari. Mais le couple de gérants, installé à Jouhet depuis vingt-deux ans, craint que cette ouverture « exclusive » ne fasse des envieux. « C’est bien pour le BTP, mais j’ai d’autres clients qui continuent de manger un plateau-repas dans leur voiture ou dehors », observe Evelyne. 

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