Les festivals d’été de la Vienne circonspects

Dans la Vienne, les annonces de la ministre de la Culture sur la saison des festivals d’été n’ont pas rassuré. Pour nombre d’associations, elles sont difficilement viables et, surtout, peu compatibles avec l’esprit des musiques actuelles.

Steve Henot

Le7.info

Jauge à 5 000 personnes dans un configuration assise, sans bar ni restauration… Les récentes annonces de Roselyne Bachelot n’ont guère ravi les festivals de la Vienne. Dans le milieu des musiques actuelles, on est unanime. « Ce n’est pas l’ADN d’Au Fil du Son, soupire Hervé Bernardeau, président de la Ch’mise verte. Ça ressemble à une décision prise par des gens qui ne vont qu’à l’opéra. » Elle demeure néanmoins un « bon signal » pour les Soirées lyriques de Sanxay. « Parce que l’on a une jauge de 2 500 places assises et un public qui sera vacciné en grande majorité d’ici cet été, souligne Christophe Blugeon, le directeur artistique. Mais il reste encore des zones d’ombre. »


Ces zones d’ombre entourent le futur protocole sanitaire. S’il n’est pas encore connu, on l’imagine forcément drastique, impliquant une logistique complexe. « Ces 5 000 chaises, il va falloir les trouver », reconnaît Alain Fouché, pour les Heures Vagabondes. Sans compter qu’il faudra les lier entre elles pour d’évidentes raisons de sécurité. Cette configuration nécessitera une surveillance accrue de la fréquentation des sites et la mise à disposition, là aussi très encadrée, de gel hydroalcoolique. « On n’a pas encore évalué le surcoût mais on le prendra en charge (pour un budget de plus de 450 000€, ndlr) », assure le conseiller départemental. Un
« luxe » que toutes les associations ne pourront se permettre.


« La situation peut évoluer »

Sans buvettes, les recettes seront fortement affectées. « C’est problématique parce que ça représente un tiers de nos ressources propres », confie Richard Puault, programmateur de Monta’music. Ça l’est encore davantage pour les festivals payants, d’autant plus sur des jauges réduites. Un vrai casse-tête pour les conseils d’administration, qui songent déjà à des événements différents. « On va faire quelque chose, mais on ne sait pas encore quoi. On se donne un mois pour voir », confie Hervé Bernardeau. Il faudra aussi sans doute repenser les programmations. « On doit faire jouer Djao cet été, mais dans ces conditions j’ai du mal à l’imaginer », glisse Richard Puaud.


Les Heures vagabondes, elles, rappellent en grande partie les artistes annoncés en 2020. Quatre communes(*) se sont toutefois désistées, « de peur que ne se manifestent pas suffisamment de bénévoles », selon Alain Fouché. Le découragement guette, c’est une autre conséquence de l’année blanche. « Je suis plus inquiet par rapport à l’implication et la pérennité de nos forces vives, souligne Hervé Carré, le président de Rock en Boivre. L’aventure collective n’a de sens qu’en se matérialisant par des choses concrètes. » Les « festivals tests » annoncés par la ministre sont attendus au tournant, dans l’espoir d’un assouplissement des règles et d’un contexte sanitaire moins tendu. « On a appris que la situation pouvait évoluer assez vite, dans un sens comme dans l’autre », rappelle Hervé Bernardeau, qui espère ne plus être confronté à des annulations de dernière minute.


(*) Chasseneuil-du-Poitou, Montamisé, Saint-Germain et Charroux.

DR - Sylvia Vasseur

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