Fouilles archéologiques : les secrets du palais

La deuxième campagne archéologique autour du palais des ducs d’Aquitaine, à Poitiers, ne fait que confirmer toute la richesse de l’histoire poitevine. Après le temps des fouilles qui s’achèvent vient le temps du rapport et de la modélisation. Avant la prochaine campagne.

Claire Brugier

Le7.info

Le palais des ducs d’Aquitaine, remanié au XIVe siècle par Jean de Berry, est loin d’avoir livré tous ses secrets. Son imposante architecture n’a d’égale que la richesse de son sous-sol. Au terme de deux mois de fouilles square Jeanne-d’Arc et dans le couloir d’entrée du logis, Nicolas Prouteau, enseignant-chercheur au CESCM (*), et son équipe ont mis en évidence « des résultats exceptionnels, par la richesse des vestiges, par l’étendue chronologique qu’ils recouvrent et, dans certains secteurs, par la grande richesse des objets retrouvés ».

La deuxième campagne archéologique s’achève donc sous les meilleurs auspices. En attendant la prochaine, en mai-juin 2022, l’historien et les siens vont s’appliquer à commettre un rapport détaillé sur leurs découvertes.

A l’emplacement du square Jeanne-d’Arc, les recherches menées par le père Camille de La Croix (1831-1911) avaient déjà confirmé la présence de maisons et de boutiques dans l’Antiquité, la période de prédilection du jésuite archéologue. Les nouveaux sondages ont révélé que certains murs antiques ont été préservés jusqu’à 1,60m de hauteur. « Il semblerait qu’ils aient servi à conforter ceux élevés à la fin du XIVe siècle. Les bâtisseurs se seraient installés contre et sur le quadrillage des murs romains », avance Nicolas Prouteau.

D’une campagne à l’autre

Pourquoi ces boutiques et ces habitations antiques ont-elles été détruites ou abandonnées ? La question reste entière. Comme la signification d’un bloc sculpté -une botte ou une baleine ?-, révélé en contrebas du pignon sud du palais. L’élément n’aurait semble-t-il aucune correspondance en Europe. Un unicum ? La prochaine campagne, qui s’approchera davantage de la rue des Cordeliers, devra également élucider la présence d’un mur circulaire évoquant un puisard ou une citerne. Peut-être…

Entre-temps, la datation au carbone 14 des différents mortiers utilisés aura permis d’affiner la chronologie occupationnelle sur site et Archeovision aura modélisé les découvertes les plus récentes pour une restitution en 3D.

Côté est du palais, l’entrée du couloir du logis, censé mener à des cuisines et espaces de stockage, a également révélé son lot de surprises. « Il n’est plus aussi évident que ce soit un simple accès de service, au vu de sa porte monumentale et bien réalisée », constate Nicolas Prouteau, en mettant l’accent sur la présence d’au moins trois niveaux de seuil. Des fragments de lèche-frite, de pichets, de tasses, des épingles ou encore des dés à coudre sont par ailleurs autant d’indices de vie quotidienne du lieu. La prochaine campagne y reviendra, ainsi que dans le sous-sol de la tour Maubergeon.

 

(*) Centre d'études supérieures de civilisation médiévale

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