Fredrika Stahl attendue au Lezart festival : « Tous assoiffés de partage »

Fredrika Stahl est l’une des têtes d’affiche du Lezart festival, le week-end prochain, à Vicq-sur-Gartempe. La chanteuse, auteure et compositrice suédoise veut savourer les retrouvailles avec le public, qui lui ont déjà procuré de belles émotions cet été.

Steve Henot

Le7.info

En mars sortait Natten, votre nouvel album et le premier en autoproduction. Une envie de voler de vos propres ailes ?
« Après avoir signé la bande-originale du documentaire Demain en 2015, je ne me voyais pas retourner dans une maison de disques. J’en suis arrivée à un stade où j’ai envie de vivre librement sur le plan artistique. C’est bien, parfois, d’avoir à respecter des délais pour sortir un album mais aujourd’hui je veux pouvoir dire oui à des projets qui m’intéressent et ne pas devoir les refuser pour des contraintes d’agenda. Il a fallu reconstituer une équipe, repartir de zéro… C’est pourquoi ce projet a mis plus de temps à sortir. »

Il y a quelque chose de très crépusculaire, d’introspectif dans ce disque. Quelles en ont été les grandes inspirations ?
« Il y a plein de textes qu’on pourrait lier aujourd’hui à la crise sanitaire, mais ces chansons ont toutes été écrites avant le premier confinement. Je voulais avant tout que cet album soit le plus personnel possible, qu’il me ressemble à 100%. La nuit (qui donne son nom, en suédois, à l’album) m’inspire beaucoup. En journée, on est toujours dans le rush, le programmatique… Alors que le soir, c’est comme une bulle, un moment suspendu où l’on rêve, où l’on angoisse. En Suède, les gens sont très marqués par ce « mood », par ces moments-là. J’avais surtout des images de « bleu nuit » en tête, que je voulais rassembler ici. Ce n’est pas un disque sombre mais plutôt dans un entre-deux. »

Cruel World, votre dernier single, en est peut-être le titre le plus enlevé, avec une teinte électro. C’est une direction que vous pourriez embrasser à l’avenir ?
« J’aimerais beaucoup ! Spontanément, j’écris plutôt des trucs avec un tempo lent… Mais c’est un titre génial à faire en live, qui fait du bien. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est la créativité, essayer de nouvelles choses, ne pas se répéter tout en restant soi-même. Alors pourquoi pas. »

Dans quelle configuration vous présentez-vous sur scène ?
« On est deux, avec Sabine Quinet (Blankass, Minou, ndlr). C’est un peu plus électro que ce que j’ai l’habitude de faire, avec des pads, de la basse, du synthé et des chœurs. On va surtout jouer le dernier album et un peu la bande-originale de Demain, que je n’ai jamais jouée sur scène. C’est cool d’être à deux, on se met beaucoup plus à nu. Le contexte sanitaire ? Lors de mon premier concert, début juin à Nîmes, j’appréhendais un peu parce que je n’avais pas joué depuis longtemps, pas vu de foule depuis deux ans… On était franchement tendues ! Après le premier morceau, quand j’ai levé les yeux et vu la salle pleine, ça a été comme un tsunami de tout ce qu’il s’est passé ces derniers mois dans la face. J’ai commencé à pleurer sur scène et encore plus au son des applaudissements. Ca m’a montré que tout le monde est assoiffé de partage, de cette envie de vivre des choses ensemble. Alors le pass, les jauges, c’est certes un peu chiant mais ça en vaut quand même la peine ! »

Vous avez composé la musique de Small Body, film présenté à la Semaine de la Critique du dernier festival de Cannes. Qu’est-ce que ça représente pour vous le cinéma ?
« Ce n’est que mon deuxième long-métrage donc ça reste assez nouveau pour moi. Surtout que ce sont deux films très, très différents. Mais c’est quelque chose que j’adore, une envie que j’ai depuis le début. Après mon quatrième album, en 2013, j’avais la frustration d’être un peu isolée dans ce travail introverti qu'est un album solo. J’ai donc envoyé une maquette pour Demain, dont le pitch m’avait inspiré. Le réalisateur Cyril Dion et Mélanie Laurent ont importé le fichier et, par chance, la magie a opéré, tout collait aux images ! J’aime me mettre au service d’un film, ne pas savoir dans quoi tu te lances. C’est un peu des vacances de moi-même, un travail qui peut nourrir des périodes où je suis moins créative sur mes projets solos. »

En composant la musique de Demain, vous avez manifesté un certain investissement en faveur de l'écologie. Y a-t-il aussi quelque chose de militant dans le fait d’aller au Lezart, un festival LGBTQ+ ?
« En tant qu’artiste, on a la chance -quoique, pas toujours- d’avoir une voix plus entendue que la moyenne. Et il me semble important de soutenir des causes qui en ont besoin. Je ne suis pas militante, mais je suis sensible à de nombreux sujets. Travailler sur Demain m’a forcément marquée. C’est une chance que l’on a dans notre métier de pouvoir aller à la rencontre de personnes comme Cyril Dion et découvrir leur univers, ce qu’ils défendent. J’ai le même désir d’ouverture avec ce festival que j’ai découvert grâce à notre régisseur son, Julien Thomas, qui est originaire de Poitiers. »

Plus d'infos à venir sur le Lezart festival dans le prochain numéro du 7, à paraître mardi 24 août...

DR - Emma Birski

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