« Le sens unique tue le commerce. » Le message placardé sur la vitrine de plusieurs commerçants du Pont-Neuf a été vu et commenté. Les commerçants de l’artère se battent depuis plusieurs semaines pour faire entendre leur voix. Une troisième voie en réalité, avec une rue où les voitures (15 000 véhicules par jour) ne rouleraient pas à plus de 30km/h et partageraient le bitume avec des cyclistes, nantis d’une vraie piste dédiée. « On n’est pas des réacs, on le dit depuis longtemps qu’il y a un problème de sécurité avec les vélos », balise Stephan Hamache, président de l’association des commerçants. L’artisan tapissier évoque une baisse de « 30 à 50% » selon les enseignes.
« C’est simple, j’ai l’impression de sortir d’une période d’emprisonnement, témoigne pour sa part le pharmacien, Antoine Oliveau. Les gens s’arrêtent en passant. Nous avons perdu tous les patients qui sortaient de la Milétrie avec une ordonnance, surtout le samedi. » Bouali Moez, qui tient l’épicerie du Pont-Neuf, affirme avoir vu son chiffre d’affaires dégringoler de « 50% pendant l’expérimentation ». « Le risque, c’est que les clients prennent de nouvelles habitudes de consommation », commente Fabrice Maupin, coiffeur. Avec la fin de l’expérimentation du sens unique, Jean-Philippe, un riverain a carrément l’impression de « revivre ».
L’élu estime d’ores et déjà que « davantage de cyclistes ont emprunté le Pont-Neuf », sans fournir d’évolution. La contestation des acteurs économiques ? De certains riverains ? Là aussi, Amir Mistrih calme le jeu : « Nous voulons travailler avec tout le monde, tous les points de vue nous intéressent. Mais dire qu’il n’y a pas eu de concertation me semble injuste. » Une réunion de restitution aura lieu « à la mi-décembre », avec une mise en place attendue « au premier trimestre 2022 ». L’un des deux scénarios sera retenu, « avec des aménagements autour », promet l’adjoint. Lesquels ? Avec quelle enveloppe ? Et quelles conséquences sur le trafic sur les axes périphériques ? Le flou demeure. « Si on décide de changer le sens de circulation d’une rue, un arrêté et deux panneaux suffisent. S’il faut procéder à des aménagements sur le Faubourg-Saint-Cyprien, ce sera plus complexe. »
Et les cyclistes dans tout cela ? Vélotaf, qui revendique une centaine d’adhérents, fait un bilan « très positif » de cette expérimentation en termes de « circulation apaisée, de dépassements sereins et de sécurité ». Au nom de l’association, Vincent Jaunet n’émet aucun avis sur le sens à privilégier -« c’est à la mairie de trancher »- mais n’est pas franchement favorable à la troisième voie proposée par les commerçants : « Les vélos montent rarement le Pont-Neuf à 30km/h. Le différentiel de vitesse sera toujours le même. » Lui plaide plutôt pour la pose d’arceaux pour garer les vélos. Plusieurs membres de Vélocité.86 défendent de leur côté une « voie dans le sens montant entièrement réservée aux vélos ». D’autres sont focalisés sur « la recherche du compromis avec les autres usagers et parties prenantes ».
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