Pierre Rabhi, les colibris et eux

L’écrivain et philosophe Pierre Rabhi est décédé début décembre. Ce précurseur de l’agroécologie avait cofondé le mouvement des Colibris, qui a essaimé dans la Vienne à partir de 2014. Trois de ses membres-fondateurs s’en souviennent.

Arnault Varanne

Le7.info

Il était le chantre de la « sobriété heureuse », l’inspirateur de nombreux écologistes. Pierre Rabhi s’est éteint le 4 décembre dernier à 83 ans. L’écrivain et philosophe restera dans l’histoire comme celui qui a cofondé, avec Cyril Dion, le mouvement des Colibris en 2006. Lequel « œuvre à l’émergence d’une société écologique et solidaire radicalement différente en favorisant le passage à l’action individuelle et collective ». Faire sa part, en somme. En 2014, une antenne Colibris Poitiers a vu le jour, composée d’une cinquantaine de membres.

Thomas Defaye avait rallié le groupe assez tôt. « Notre état d’esprit, c’était de soutenir des initiatives citoyennes à l’échelle du territoire, indique le Poitevin. Après, il a été compliqué de trouver un logiciel de fonctionnement qui soit en rupture avec les gouvernances classiques d’associations... » A titre individuel, Thomas Defaye continue de faire vivre la philosophie des colibris dans son quotidien, à savoir « résister à cet appel à toujours consommer. L’enjeu est de s’approprier cette sobriété avant qu’on soit tous obligés de s’y mettre de manière un peu plus rude ».

« Une forme de sagesse »

Pour Jean-Louis Schaff, animateur de la première heure du mouvement poitevin, « c’est la nature même du réseau d’inspirer des gens et de les voir s’engager ailleurs ». Le consultant salue en Pierre Rabhi l’éclaireur de consciences. « On ne connaissait pas la légende du colibri et on a tous compris. Maintenant, l’action individuelle, c’est super, mais le colibri seul n’éteint pas l’incendie. Il faut des canadairs. Tous les élus de l’équipe municipale de Poitiers sont sensibles au message de Pierre Rabhi. La maire ou la présidente de Grand Poitiers peuvent aller chercher de plus grosses gouttes d’eau. »

Dans cette équipe municipale, figure précisément Pierre Rigollet, conseiller municipal délégué à la bientraitance animale. L’élu a été très tôt « touché par la manière dont Pierre Rabhi parlait, très simple, percutante, empreinte d’une forme de sagesse populaire. Et aussi par sa sensibilité au vivant et au non vivant ». 
« Faire son jardin, manger ses légumes, on faisait ça il y a deux cents ans avant l’ère pré-industrielle », ajoute-t-il. 
« Le message de « prendre soin » 
est aussi très important », 
estime Jean-Louis Schaff. Au passage, aucun des trois co-fondateurs ne se décrit comme exemplaire. « Essayons d’être dans cet état d’esprit, réduire nos consommations, tout en gardant nos contradictions », se persuade Thomas Defaye. Pierre Rabhi laissera chez eux une trace indélébile, aux antipodes des controverses auxquelles le philosophe et conférencier a été mêlé sur les sujets sociétaux (mariage pour tous, anthroposophie...).

DR Mouvement des colibris

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