Avoir 100 ans en 2022

Louisette Haie et Rosemarie Perney ont soufflé leurs cent bougies à la résidence-service Carnot-Blossac, le 
1er janvier 2022. Les deux « jumelles » portent un regard distancié sur la pandémie, elles qui ont traversé tant d’épreuves. Une leçon de vie.

Arnault Varanne

Le7.info

Dans son salon du 4e étage de la résidence, elle jette un coup d’œil sur son étagère. Ses mémoires se trouvent là, dans un livre rédigé « il y a bien une dizaine d’années maintenant ». Cent ans le 
1er janvier 2022, la belle affaire pour Louisette Haie. « Ça donne le vertige mais il ne faut pas se poser de questions. Je m’occupe surtout avec mes souvenirs. » Sa vue lui joue des tours et ses articulations aussi, mais l’ancienne professeure de couture et épouse du maire de Sèvres-Anxaumont conserve une vivacité d’esprit remarquable. La fille de charpentier, déracinée après la Première Guerre mondiale, en exil forcé pendant la Seconde Guerre mondiale, mariée un 7 avril 1942 à Colombes, au lendemain d’un bombardement, résiste au temps comme à la maladie.

La Covid-19 ? « Depuis deux ans, je trouve ça odieux. On se fait vacciner et on apprend que même les trois doses ne suffisent plus. Cette maladie est imprévisible. Je ne l’ai pas eue mais je ne sors plus. Je me tiens au courant quand même de l’actualité. J’aime vivre le temps présent, même si la télé est floue. » Le 1er janvier dernier, l’ancienne déléguée de la MGEN de la Vienne a fêté son siècle entourée d’une partie de sa famille XXL : 4 enfants -l’un est décédé-, 14 petits-enfants, 23 arrière-petits-enfants et 
1 arrière-arrière-petit-enfant. 
« On a mangé une part de gâteau et bu une coupe de champagne », sourit Louisette. Les réjouissances ont eu lieu dans le salon du rez-de-chaussée de la résidence Carnot-Blossac. 
« J’ai cru rêver, ça a été merveilleux ! »

« Une journée 
merveilleuse »

Sa « jumelle » Rosemarie Perney a elle aussi soufflé ses cent bougies le 1er janvier 2022 et ses presque trente ans de résidence Carnot-Blossac(*). 
« Une journée merveilleuse... » 
L’ex-professeure d’allemand l’admet tout de go « Je ne pensais pas y arriver (à 
100 ans, ndlr), je ne l’ai pas fait exprès ! Bon, c’est vrai qu’une grand-mère paternelle et une tante sont allées jusqu’à 
96 ans... » Son secret de longévité ? La sobriété ! Hélas, elle a perdu en chemin son mari et l’un de ses fils -malade et emporté par la Covid-, en 2020, 
« à quinze jours d’intervalle ». 
Au point de lui faire dire aujourd’hui qu’elle souffre davantage de l’absence que de la solitude. Heureusement, ses enfants (4), petits-enfants (8) et arrière-petits-enfants (5) viennent régulièrement lui rendre visite.


Au-delà, Rosemarie Perney loue le « dévouement » et la 
« gentillesse » des personnels de la résidence, où elle se sent « bien et en sécurité ». Avoir 100 ans en 2022, c’est aussi pouvoir compter sur la vigilance de ses contemporains. Arrivée en septembre dernier à la tête de l’établissement, Caroline Mallet veille à ce que le lien social soit préservé, malgré la présence envahissante du virus. La résidence compte d’ailleurs deux autres centenaires. Comme quoi... 


(*)Les deux centenaires ont reçu mardi 4 janvier la médaille de la Ville de Poitiers des mains de la maire, Léonore Moncond’huy. 


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