Des géographes poitevins au chevet du Liban

Des chercheurs en géographie de l’université de Poitiers ont pour mission de recréer des filières agroalimentaires au Liban, un pays en crise et obligé d’importer la plupart de ses produits de base. Le premier séjour sur place vient de se terminer.

Romain Mudrak

Le7.info

Entre l’arrivée massive de réfugiés syriens, palestiniens, le Covid et des tensions politico-religieuses palpables, le Liban est en crise permanente depuis plusieurs années. Sans oublier l’explosion gigantesque qui a rasé le port de Beyrouth en 2020 et mis l’économie à l’arrêt. La livre libanaise est au plus bas, étouffant d’autant le pouvoir d’achat de la population. Face à ce constat, des acteurs locaux tentent de relancer la dynamique. L’université publique de Beyrouth a ainsi sollicité celle de Poitiers pour recréer des filières de production agricole.

Cet appel du pied s’est concrétisé en février dernier par le lancement d’un programme de recherche « pour un système alimentaire résilient et durable au Liban », entièrement financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR). « La prospérité du Liban reposait sur le secteur bancaire, la finance et sa flotte, mais le pays a toujours été très dépendant des importations pour ses produits de base. L’idée consiste à trouver des leviers de sécurité alimentaire en impliquant un maximum d’acteurs publics et privés », explique Dominique Royoux, professeur de géographie et membre du laboratoire universitaire poitevin Ruralités. Imaginez que même le pois chiche, au cœur de la cuisine libanaise, vient en grande partie d’Ukraine, avec toutes les difficultés qu’on imagine en ce moment.

Produire les aliments de base

Une délégation poitevine menée par Jean-Louis Yengué, également professeur de géographie, s’est rendue au Liban pour la première fois la semaine dernière. Avec leur homologue Christiane Sfeir, ils ont rencontré les maires de Bourj-Hammoud, commune très urbanisée de 90 000 habitants collée à la capitale, et de Zahlé, située dans la plaine de la Bekaa. Ces deux collectivités très différentes sont parties prenantes du projet. La première, où la population est à la fois cosmopolite et populaire, va servir à comprendre les besoins des consommateurs. La seconde sera le terrain d’expérimentation pour le lancement de cultures. 
« Le maire aimerait notamment remplacer le cannabis par de la vigne », relève Dominique Royoux. Tomate, pomme de terre, ail, oignon, pomme et poulet sont les aliments de base d’ores et déjà identifiés. Un état des lieux des acteurs des filières, transformateurs et distributeurs inclus, va démarrer. Des étudiants libanais du département d’urbanisme et paysages participent aux travaux. Fin 2023, le projet devra aboutir à des préconisations concrètes pour redonner son autonomie au Liban.

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