L’aéroport sur une ligne de crête

Le Syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard et Chalair Aviation ont trouvé un terrain d’entente. La compagnie française arrêtera ses vols vers Lyon le 15 mars au lieu du 30 avril. Un nouvel opérateur est espéré, sans garantie...

Arnault Varanne

Le7.info

La Rochelle-Poitiers-Lyon, c’est fini ou presque dans sa forme actuelle. Passée la surprise du retrait de Chalair Aviation, vient le temps des modalités. Prévu initialement fin mai, puis fin avril, le repli de la compagnie française sera finalement effectif au 15 mars(*), autant dire demain. « On a lancé une procédure d’urgence la semaine dernière, commente Alain Pichon, en prenant contact avec beaucoup de compagnies. » Le président du Syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard table sur « sept à huit rotations par semaine » au lieu des cinq opérées par Chalair Aviation jusque-là, onze avant la crise sanitaire. En 2022, seulement 
5 228 passagers ont emprunté la ligne vers ou depuis la capitale des Gaules. Un chiffre jugé pas assez rentable par la direction de Chalair. Par ricochet, l’aéroport de La Rochelle est aussi en quête d’une solution d’urgence.

Une autre compagnie prendra-t-elle le « risque » de s’essayer à faire mieux d’ici la fin de l’Obligation de service public, le 31 octobre ? En 2021, Chalair Aviation avait demandé et obtenu une rallonge de 700 000€, 
dont 170 000€ du syndicat de l’aéroport. Sans faire de miracles derrière en termes de fréquentation. La question du coût sera évidemment cruciale. 
« On a vu des niveaux de prix très différents chez les voisins. S’il y aura une rallonge financière ? Ça fait partie des possibilités », reconnaît le président du Syndicat mixte, qui estime à 
« 20 000 » le potentiel de la ligne « avec des horaires plus adaptés... » De son côté, Grand Poitiers ne donnera pas un centime de plus, même si ses membres ont voté à l’unanimité en faveur de la continuité de La Rochelle-Poitiers-Lyon. 
« On reconnaît l’utilité en termes d’attractivité et de développement économique, estime Gilles Morisseau, maire de Biard et vice-président de Grand Poitiers. Mais il faudra continuer à contrôler les usages et, lors de la prochaine DSP (Délégation de service public, ndlr), exiger que l’opérateur aille vers une transition énergétique. »

Décarbonation

Dans la grisaille, l’éclaircie vient du trafic commercial. L’année dernière, plus de 83 000 passagers ont été transportés sur les lignes Ryanair (73 626), vols charters et avions d’affaires 
(10 000). Soit au total 89 000 passagers avec les passagers lyonnais, en hausse de 240% par rapport à 2021. « On a été à 98 ou 99% de taux de remplissage sur les lignes Ryanair », 
abonde Alain Pichon. A partir de fin mars, les rotations vers Barcelone et Edimbourg reprendront à raison de deux vols par semaine, quatre vers Londres. 
« Nous aurons aussi des vols charters avec des offres complètes », développe Pierrick Sommier, responsable commercial et communication de l’aéroport. La décarbonation souhaitée par Grand Poitiers ? 
Alain Pichon dit « travailler sur un projet dont [il] ne peut pas parler ». Selon nos informations, des liens avec EDF ont été noués. Le développement d’avions-taxis de 
4 places à la demande pourrait amorcer la démarche.

(*)La fin du contrat quadriennal était initialement prévue le 
31 octobre. Une nouvelle OSP doit être reconduite pour la période 2023-2027.
 

Sealar : Grand Poitiers débouté au tribunal administratif
Le tribunal administratif de Poitiers a donné raison ce lundi au Syndicat mixte de l’aéroport dans l’affaire qui l’opposait à Grand Poitiers. Le 17 mai 2021, la collectivité avait déposé une requête pour dénoncer un avenant au contrat de gestion signé avec Sealar modifiant les modalités de la clause de revoyure. Sur le fond, le juge a estimé que « l’avenant litigieux n’a ni pour objet, ni pour effet de modifier les modalités d’activité du concessionnaire. Le syndicat mixte a donc pu légalement adopter à la majorité ab- solue la délibération autorisant la signature de cet avenant. » Par ailleurs, les modifications issues de l’avenant « sont justifiées par un événement, en l’occurrence l’épidémie de Covid-19 et ses conséquences ».

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